La rencontre clôturait la première année des activités de la Chaire des Lettres et Arts africains, les 6 et 7 juillet 2023.

« C’était deux jours formidables. Deux jours de réflexions profondes et tellement fortes, que pour moi, j’avais l’impression que c’est espèce de rencontre qu’il faut. En Afrique, on a souvent le sentiment qu’on n’a pas d’intellectuels, pas de femmes ni d’hommes de culture… Mais, là, j’avais un trop-plein de cultures et je crois qu’il me faudra tellement de jours et des jours pour digérer, ou ressassé, tout ce que j’ai écouté, tout ce que j’ai ingurgité. Franchement, c’était fantastique. Parce qu’on dit de l’écrit à la scène, de l’image au design. Je pense qu’on a eu tout ça. Et, moi qui suis du cinéma, je crois que j’ai de la matière. Je suis en train de me demander avec qui je travaillais pour pouvoir écrire tel ou tel autre sujet. Je crois qu’on a exploré tellement de sujets qui nous concernent, tellement d’arts, de styles… Je crois que l’Afrique est riche et ça j’en suis tellement heureuse. » La cinéaste camerounaise, Mary Noël Niba, dont le denier film « Partir ? » a été projeté fin 2021, à l’Académie du Royaume du Maroc, était parmi les invités de ce colloque international marquant le premier anniversaire de la Chaire des Littératures et Arts africains de l’Académie du Royaume du Maroc, à Rabat. L’évènement, qui a réuni les 6 et 7 juillet 2023, dans l’écrin de cette institution, une centaine de participants venus du monde entier, était un moment exceptionnel de circulation libre des idées et de la parole.

« Terre de la diversité culturelle »

« J’ai suivi avec beaucoup d’attention les interventions des uns et des autres. Nous avons tous de la chance, une chance inouïe d’être nés sur cette terre de la diversité culturelle, cette terre d’Afrique. Diversité culturelle placée sous l’égide de l’Unesco en 2005, mais qui existe bien avant et qu’on a tous vécue. Quand je parlais dans des leçons de diplomatie culturelle, je disais toujours que j’avais de la chance. Je suis née musulmane, j’ai grandi dans une école catholique, dans la cour d’école j’ai goûté à la diversité, vécu avec des Coptes, les chrétiens d’Égypte, avec les Orthodoxes, les Maronites qui venaient du Liban après la guerre en 1970, les Musulmans, même si on n’était que 4 ou 5 par classe ». Mme Gihane Zaki, Égyptologue, Enseignante à l’Université Léopold Sédar Senghor d’Alexandrie, membre du Parlement Égyptien, une des 70 femmes désignées pour incarner les valeurs de l’UNESCO dans le monde, a comme l’ensemble des participants à cette rencontre internationale, marqué de son empreinte cette rencontre à Rabat, saluant à la fois la qualité des interventions, la remarquable organisation sans oublier de manifester sa fierté d’appartenir au berceau de l’humanité.

« Une pluralité d’approches, un même objectif »

Tout était parfait. Ou presque. Les communications délivrées, depuis l’ouverture brillantissime de la session, par le Pr. Eugène Ebodé, qui n’a pas son pareil pour allier la solennité du moment à la fraternité des humains, donnant quelques coups de griffes au passage à Picasso qui, bien que puisant abondamment son inspiration dans l’art africain, osait dire à ce sujet « l’art africain ? connais pas » ; jusqu’à la cérémonie de clôture où des pas de la rumba furent esquissés alors que le même Pr. Ebodé se laissa aller à pousser la chansonnette en lingala, si chère au Congo, entrainant ainsi dans son envolée Christian Kader Keïta, l’homme de le « restitution des œuvres » à l’Afrique, de Yoro Le Pécheur et de « C’est la rumba qui mène la danse », qui avait précédé « l’esthétique et l’universalisme du Makossa par Manu Dibango » ; en passant par les codes non négociables de l’art de vivre Peul, le Pulaaku, exposé par Djaïli Amadou Amal, Prix Goncourt des lycéens 2020, sans oublier l’immense Véronique Tadjo, récompensée par l’Académie pour l’ensemble de son œuvre, le témoignage de Pap Rhuma, broyé par le racisme en Italie, mais qui a trouvé des ressources non seulement pour renaître, mais surtout pour témoigner dans de magnifiques contributions à la mémoire, ou encore la sublime prestation de Capitaine Alexandre, du patchwork des textes de Senghor, Césaire ou encore Léon Gontran Damas…

Ce fut un anniversaire mémorable, exceptionnel, à en croire les participants qui, unanimement, en témoignent encore via la plateforme créée à la suite de ce colloque sur l’esthétique africaine, à l’Académie du Royaume du Maroc, à Rabat, les 6 et 7 juillet 2023.

Par Jean-Célestin Edjangué à Rabat

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