Le domicile français du fils du président de la République du Congo, par ailleurs ministre de la Coopération internationale et du Partenariat public-privé, à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine(92), a été cambriolé en décembre 2023, alors qu’il était à l’étranger. Sa compagne, Nathalie Bumba, originaire de l’autre rive du Congo, multiplie des acquisitions de biens à Dubaï, alors que la rivalité entre Denis Christel et son cousin Edgar Nguesso pour la succession de Denis Sassou-Nguesso, à la tête du Congo, n’a jamais été autant d’actualité. Tout cela pendant que près de la moitié des Congolais vit sous le seuil de pauvreté.
Denis Christel Sassou Nguesso et compagnie sur la sellette
«En 2023, le taux de chômage est estimé à 16% au plan national et à 25% pour les jeunes de 15 à 29 ans, alors que la pauvreté atteint 46,6% de la population avec un taux d’endettement de 109, 7% du PIB ».
Les chiffres sont de la Banque mondiale et du FMI. Et ces institutions de tirer la sonnette d’alarme sur le fait que, si on peut considérer globalement qu’il n’y a pas encore péril en la demeure, les perspectives économiques du Congo pourraient néanmoins être assombries par la crise de la dette souveraine européenne.
Dans ce contexte, comment comprendre le décalage entre le train de vie du président de la République, Denis Sassou-Nguesso, son entourage plus ou moins proche, voire certains ministres, et la réalité quotidienne de la majorité des Congolais ?
La question, pour provocatrice qu’elle puisse paraître aux yeux de nombre d’observateurs, n’en demeure pas moins légitime eu égard aux chiffres avancés plus haut. Ce d’autant plus que les derniers évènements, en date de décembre 2023, concernant le domicile du fils du président, Denis Christel Sassou-Nguesso, par ailleurs ministre de la Coopération internationale et du Partenariat Public-Privé, et les biens dont disposent, à Dubaï, Nathalie Bumba, sa compagne, accréditeraient l’idée de la dilapidation des deniers publics.
Le domicile du fils du président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso a été cambriolé en France, à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine(92). Selon une source policière, les faits auraient eu lieu en soirée entre le 23 décembre et le 26 décembre. « Des malfrats sont entrés par effraction en enjambant la fenêtre du premier étage du domicile. Le propriétaire des lieux – Denis Christel Sassou-Nguesso se trouvait à l’étranger », révélaient nos confrères du Parisien, en décembre dernier. La même source affirme : « Une première évaluation faite par la police française, parle d’une préjudice variant entre 1 800 euros et 6 000 dollars, plus un chéquier dérobé ainsi que de la maroquinerie de luxe, un coffre-fort non scellé, rempli d’argent, des bijoux de valeur et des documents sensibles. L’enquête a été confiée à la sous-direction de la police judiciaire (SDPJ) des Hauts-de-Seine(92) ».
Rappelons qu’en 2022, un hôtel particulier situé à Neuilly-sur-Seine, appartenant à Denis Christel Sassou-Nguesso, le fils du président du Congo, a été saisi dans une affaire de soupçons de « biens mal acquis ». Le nom de Denis Christel Sassou-Nguesso est par ailleurs cité dans plusieurs autres affaires scabreuses.
De Freddy Batenga à Donald Fylla…Des prête-noms pour tromper la vigilance de l’administration fiscale
Il est notamment soupçonné de se livrer à des manœuvres lui permettant d’échapper à l’administration fiscale. L’une de ses stratégies clés serait l’utilisation de prête-noms, des individus qui, en surface, semblent être les propriétaires légitimes d’entreprises et de biens. Cependant, ils n’en sont responsables que de façade. Celui qui contrôle réellement lesdites entreprises, serait le fils du chef de l’État congolais. A quoi sert ce mécanisme ? Peut-on se demander, à juste titre. Le rôle principal de ces prête-noms serait de détenir des parts d’actifs dans des sociétés en son nom, lui permettant ainsi d’éviter les regards scrutateurs de l’administration fiscale et de l’opinion publique. Généralement, ces prête-noms se recrutent dans le voisinage plus ou moins immédiat du clan Sassou. Ce qui fait que ce sont des personnalités bien connues de ce cercle qui y sont impliquées.
À commencer par Jean-Marie Moussengo Alilo, connu pour avoir été très proche de Denis Christel Sassou, au point d’être parachuté, il y a quelques années, comme gérant de la société “Atlas Logistique “, gérant l’avion de la famille Sassou N’Guesso, un Hawker 800 qui est abandonné sur le Tarmac de l’aéroport de Dubaï. Il y a quelques années de cela, le site Africa Intelligence publiait un article intitulé « Congo: Air Sassou bloqué sur l’aéroport de Dubaï ». L’article était consacré à « l’oligarque congolais Jean-Marie Moussengo Alilo dont l’avion très utilisé par la famille présidentielle congolaise est immobilisé sur le tarmac de Dubaï, où il a accumulé des impayés à hauteur de 1,7 million d’euros ». Jean Marie Moussengo, touchait tellement d’argent qu’il ne faisait pas attention aux dépenses et autres dettes. L’avion et sa société seraient, selon différentes sources, financés par l’argent de l’État Congolais. Bien plus, il a vécu durant des mois au Palace Peninsula, dans une suite à 15 000 euros la nuit. Sa femme de l’époque, Ndeye Diop, faisait une razzia dans les boutiques de la luxueuse Avenue Montaigne de Paris. Pendant ce temps, son mari qui se prenait pour un homme d’affaires a fini par être écarté par Denis Christel Sassou, qui n’aura aucun mal à recruter son remplaçant. Des prête-noms, il en a à la pelle. De Fredy Batenga, à Éric Bimbeni Gervel, Olivia et Nathalie Bumba, en passant par Max Monka, Cekonge et autres Donald Fylla…ne sont que des faire-valoir servant la toute-puissance de Denis Christel Sassou-Nguesso.
Le fils du président fait et défait des fortunes selon ses humeurs. Voilà où vont les deniers qui devraient revenir aux congolais alors que personne n’ose demander des comptes au président de la République, encore moins à ses ministres.
Quant à Nathalie Bumba, née de l’autre côté du Fleuve Congo, en République démocratique du Congo, et actuellement en couple avec Denis Christel Sassou-Nguesso, elle est la seule personne digne de toutes les attentions et de la confiance de ce dernier, le dauphin, le Prince se rêvant Vizir à la place du Vizir. L’amour a ses raisons parait-il, que la raison même ignore. Ce qui est incontestable, c’est que Nathalie Bumba, qui doit encore conquérir le cœur du peuple Congolais, puisqu’elle est considérée comme une étrangère qui flambe avec l’argent du contribuable Congolais, est propriétaire de nombreux biens et affaires à Dubaï.
Ce ruissellement doré de la fortune de Nathalie Bumba fait les affaires de sa sœur Olivia qui mène, elle aussi, un train de vie effréné.
Une réalité peu appréciée des Congolais, las de ce que le clan Sassou s’amuse avec les deniers publics comme d’autres joueraient au Casino. A cette différence près que c’est de l’argent des Congolais qu’il s’agit. Du coup, le président Sassou pourrait bientôt sonner la fin de la récréation, lui qui semble très embarrassé par les casseroles teintées que traîne son fils, Denis Christel, et qui donne à tort ou à raison l’impression d’être impatient de prendre les rênes du pouvoir, feignant d’ignorer que son cousin, Edgar Nguesso, le Directeur du domaine présidentiel n’est jamais très loin du cœur du président de la République.
Rivalités sur fond de succession de l’après-Sassou
« Les carottes sont-elles cuites ? Le cœur de Denis Sassou Nguesso a-t-il cessé de balancer ? Entre le fils et le neveu, est-ce la fin de la course effrénée ? Le Parti congolais du travail (PCT) est-il définitivement largué et jeté aux oubliettes ? Christel Sassou a-t-il « tué » le match ? Le choix est-il définitif ? Le pouvoir au Congo-Brazzaville se résume-t-il à une affaire de famille ? », s’interrogeait un Billet de blog du Club Médiapart, publié par un lanceur d’alerte, le 8 janvier 2022, sous le titre « Le grand perdant Edgar Nguesso ». L’écrit, dans le contexte de la présidentielle de 2021 au Congo, pariait sur le fait que le président Sassou avait définitivement jeté son dévolu sur son fils au détriment de son neveu. Or, en politique, la vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain.
S’il est probable qu’à l’époque, Denis Christel avait le vent en poupe, ses démêlés judiciaires, notamment avec l’affaire des biens mal acquis, ont, à n’en pas douter, baisser sérieusement sa côte non seulement dans le cœur des Congolais, également dans celui de son père. Et de fait, de sources bien introduites, Edgar Sassou Nguesso est en train de prendre la place de Denis Christel, comme héritier légitime du Président. « L’affaire des biens mal acquis empoisonne la vie du président Sassou, de son entourage, y compris son fils Denis Christel, et l’immense majorité du peuple Congolais. Cette affaire ternie l’image du pays », confie un proche de l’entourage familial, poursuivant : « Edgar Nguesso reste très apprécié par son oncle ».
Surtout que les méthodes de gestions des affaires, par Denis Christel, avec la multiplication des prête-noms, contribue à étayer l’idée d’un fonctionnement opaque, d’un chef de bande entouré de voyous.
L’exigence de transparence et d’intégrité
Ce système des prête-noms, apparemment bien huilé, permet au fils Sassou de passer entre les gouttes de la fiscalité et de l’opinion publique, tout en accumulant une fortune considérable. C’est un jeu dangereux, car ces hommes de paille, une fois qu’ils deviennent trop encombrants ou trop visibles, sont écartés sans ménagement. Rien d’étonnant, en réalité, dans cette manière jubilatoire et insouciante qu’a le clan Sassou-Nguesso à brûler si facilement, l’argent du contribuable congolais. Parallèlement à ces manœuvres fiscales, le fils du chef de l’État congolais nourrit des ambitions politiques. Il tente de se positionner comme un acteur clé dans l’avenir politique du Congo Brazza, tout en s’enrichissant sur le dos du peuple qu’il prétend vouloir servir. Le contraste entre ses ambitions affichées et la réalité de sa conduite pose de sérieuses et nombreuses questions sur ses intentions réelles et la direction future du pays, autant que sur sa conception de la gestion de la chose publique et son sens de l’intérêt général. L’exploitation de la richesse du Congo à des fins personnelles est un affront à la démocratie, avec tout ce qu’elle implique comme transparence, bonne gouvernance et l’intégrité. L’affaire du Falcon 7X illustre à suffire cet état de fait tout en mettant en exergue le désintérêt que nombre de chefs d’Etat, en Afrique comme dans le monde, ont par rapport aux aspirations et rêves des citoyens qui les ont pourtant mandatés à la conduite des affaires quotidiennes des nations.
Il est essentiel que ces faits soient portés à la connaissance du public et que les auteurs en soient tenus pour responsables. Le Congo ne manque ni de compétences, ni de personnalités à la hauteur des enjeux du développement cohérent et durable du pays, des leaders qui placent le bien-être du peuple au-dessus de leurs intérêts personnels, respectent les lois fiscales et, surtout, qui agissent en toute transparence dans la conduite des affaires de la république.
L’avenir du Congo dépend de la volonté du peuple à exiger cette transparence et cette intégrité de ses dirigeants, mais aussi de la détermination qu’ont ces derniers à promouvoir le sens de l’intérêt général au détriment de leur propre intérêt personnel et la capacité à impliquer massivement la nation à l’édification d’un Congo où il fleure bon le mieux-vivre ensemble.
Pour compléter les informations révélées par les Panamas Pappers sur la famille présidentielle, nos journalistes s’intéressent aux comptes et sociétés Offshores enregistrés à la First Abou Dhabi Bank, nouvelle destination des biens mal acquis.
Par Jean-Célestin Edjangué