Artiste, musicien, auteur-compositeur et arrangeur, d’origine camerounaise, il explique pourquoi il a décidé de produire son propre album après avoir accompagné plus de dix ans durant les autres.

Longue Lam, votre premier album est sur le marché. Vous qui avez jusque-là prêté vos services et votre talent à des artistes connus un peu partout dans le monde. Qu’est-ce qui vous a décidé à vous produire votre propre album ?

Je n’ai jamais voulu être au-devant de la scène, j’ai toujours pris plaisir à sublimer les autres, derrière, avec mon piano et dans mon studio d’enregistrement.  Ils en profitaient de ma passion pour la musique et l’intérêt commun que je prônais, j’écrivais, je composais et arrangeais, mais ingrats qu’ils étaient, ils m’ont fait me transformer à contrecœur, me poussant à me concentrer sur moi-même. Avec le concours des proches, j’ai eu la motivation de lancer ma carrière solo, et où je me suis dit qu’il était temps que je présente ce que je faisais déjà et fais pour les autres, mais cette fois-ci, en mon nom propre. 

En quoi le fait d’avoir toujours joué pour les autres peut-il être considéré comme une richesse ?

Ces 15 années au service des autres furent une école de vie, où l’album est baptisé Longuè Lam, car c’est la somme de mes expériences musicales et en tant qu’être humain. Je chante la vie avec tout ce que ça comporte : l’ingratitude, le mal, l’égoïsme, et aussi, je conseille aux enfants de ne cesser de dire merci à leur maman, à la jeunesse de ne jamais oublier leur village et où ils viennent, je rends hommage à Mr Eko Roosevelt, celui à qui je voulais ressembler, aussi à Aladin Bikoko et à Samson Chaud Gard pour ce qu’ils ont fait pour notre culture.

J’ai été particulièrement sensible à la diversité des sonorités, de couleurs et des langues qui rythment Longue Lam. Quel message, sur le plan musical et textuel, dans cet album solo ? Qui sont les musiciens qui vous ont accompagnés ?

En primo, je cherchais à enregistrer en studio comme dans les années 70/80, ce qui n’a pas été facile.  Car nous sommes à l’ère du numérique, mais je voulais un son analogique. L’album a été enregistré en direct, nous avons commencé les maquettes dans mon studio, et enchaîné dans de grands studios parisiens et américains.  Les séances étaient longues, rudes et coûteuses. Mes compagnons du projet me disaient que c’était de la folie… J’ai écrit, composé et arrangé mon album seul, sauf le titre Ndol’a ngo, écrit par ma meilleure amie chanteuse Eddy Berthy, qui m’a beaucoup encouragé dans ce projet, elle a fait des chœurs dans l’album. Elle faisait Nice-Paris pour être à mes côtés. Plusieurs musiciens m’ont accompagné, tel que : les violonistes français Caroline Berry, Théo Croix ; les batteurs Guy Nwougang, Conti Bilong, Arthur M, Daniel Nguessa ; les bassistes Thierry Kedi, Guy Nsanguè Akwa, Anderson Ondoua, Guy Totol ; les choristes Ruth Kotto, Eddy Berthy, Ebeny Ngamby ; les guitares Press Mayidou, Kado Muna ; les cuivres Henri Ngassa, Jean Didier. Je leur dis merci pour la patience, ils sont très contents du résultat de ma direction.

Vous avez commencé la promotion de Longue Lam, avec des concerts un peu partout, en France notamment. Les réactions du grand public correspondent-ils à vos attentes ?

Je suis très surpris de la réaction du public, les retours sont positifs. Il y en a qui disent que c’est encore plus beau sur scène que sur le CD.  Les ventes de disques montent très bien d’après mon distributeur en France.

On imagine qu’un projet concernant le prochain album est déjà dans votre tête… Quelle coloration aura-t-il ?

Évidemment, Rires… J’ai beaucoup d’œuvres, bientôt, je ferai les choix de celles qui seront dans le prochain album. Je resterai toujours dans la même coloration épurée et entraînante.

Vous êtes Camerounais d’origine. Votre regard sur la musique camerounaise, les musiques africaines et l’industrie mondiale de la musique, aujourd’hui et des années à venir ?

La musique camerounaise se porte bien et le talent ne souffre de rien, mais malheureusement la majorité des médias font la promotion de la médiocrité.

Et aussi le public camerounais est complexé, il préfère écouter et danser sur la musique étrangère, ce qui crée des frustrations chez certains artistes locaux… Ce que tu ne verras jamais au Congo, au Nigeria, Afrique du Sud, etc. Il serait tant que les politiques réagissent… Comment se fait-il qu’un quartier comme Deido, il faille monnayer un DJ de club afin qu’il mette la musique locale ?

L’industrie musicale est en baisse, car il a presque plus de maison de disques et producteurs. Tout en espérant que ce mauvais vent va passer… Malgré tout, nous ne devons pas baisser les bras.

Mené par J.-C. Edjangué

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