L’ordre professionnel des avocats inscrits régulièrement, donc en exercice, rassemblant les votants qui désignent le Conseil de l’Ordre, se prépare à renouveler ses membres, puis à choisir son nouveau Bâtonnier, lors des élections prévues le 14 juillet 2025.

Un scrutin qui suscite un vif intérêt, bien au-delà de la seule corporation. Le Conseil de l’Ordre semble vouloir aller plus loin que son rôle d’organisme administratif que lui confère sa fonction cardinale, pour être le ciment de la démocratie sur l’ensemble du triangle national, en s’érigeant en défenseur d’une justice équitable pour tous. Les Avocats choisiront, le même 14 juillet 2025, leur nouveau Bâtonnier pour un mandat de deux ans, renouvelable une fois, comme l’indique l’article 12 du Règlement intérieur de l’Ordre des Avocats du Cameroun. Dr Bakoa Tonyé Serge (lire par ailleurs), avocat aux Barreaux de Paris et du Cameroun, est candidat à cette fonction, pour gérer le destin professionnel de la corporation. Le bâtonnier est le garant de la déontologie professionnelle et la discipline, porte-parole des Avocats. Sur le plan administratif, il convoque et préside le Conseil de l’Ordre, nomme les membres des commissions qui participent au fonctionnement régulier du Conseil. Les organes de fonctionnement de l’Ordre des avocats sont : l’assemblée générale, le président de l’assemblée générale et le Conseil de l’Ordre. L’avocat Mbah Eric Mbah, originaire du Nord-Ouest Cameroun, dirige le barreau du Cameroun depuis 2022. Treizième bâtonnier élu de l’ordre des avocats du Cameroun, après un long intérim de près de 2 ans, depuis le décès en fonction de son prédécesseur, Me Charles Tchakounté Patie. Il a été élu pour un mandat de deux ans lors d’une assemblée générale houleuse et tendue, réunissant 1 200 voix d’un corps électoral de 3 000 avocats. Dans un triangle national extrêmement diversifié où la gestion des équilibres ethniques et sociologiques participe du mieux-vivre ensemble, nombre des observateurs et des analystes de la vie politique camerounaise ne perdent pas de vue que la situation de crise qui prévaut dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest (NoSo) depuis bientôt dix ans, est née suite à des revendications portées notamment par des avocats et des enseignants anglophones.

Contexte particulier

Ces élections du 14 juillet 2025, au Conseil de l’Ordre des Avocats et le bâtonnat du Cameroun, s’inscrivent dans un contexte particulier au moins à double titre. D’abord, parce qu’il existe un vrai malaise au sein de la profession, en témoignent les trois jours de grève des avocats du barreau du Cameroun, les 5, 6 et 7 mars 2025, pour protester contre « les abus et agressions » dont ils se disent « victimes de la part des forces de l’ordre sous le regard indifférent des autorités ». Un mouvement d’humeur provoqué par la diffusion début mars 2025, sur les réseaux sociaux, d’une vidéo montrant un avocat se faisant molester par les forces de l’ordre. Des images qui ont choqué les avocats ainsi que l’opinion publique nationale et internationale. « Ces derniers temps, de plus en plus, les avocats sont maltraités, molestés, menottés et traités de la manière la plus dégradante, nous explique le bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun, Me Mbah Eric Mbah… Même la façon dont les avocats sont traités dans les unités de police et de gendarmerie est horrible. Et la question que nous nous posons est la suivante : si les avocats peuvent être traités de cette manière, qu’en est-il du citoyen ordinaire ? », avaient rapporté nos confrères de rfi dans l’édition en ligne du 6 mars 2025. Surtout, le scrutin aura lieu peu de temps avant la présidentielle d’octobre 2025, au Cameroun. L’Ordre des Avocats du Cameroun a connu par le passé, des noms célèbrent comme Bâtonniers de l’Assemblée générale du Barreau du Cameroun, à l’instar de Fy Gorgi Ndinka (1974-1982) ; Luke K. Sendze (1994-1997) ; Yondo Mandengue Black (1982-1986) ; Bernard A. Muna (1986-1992) ; Patrice Monthe (1992-1994)… Le nouveau Bâtonnier qui sera élu le 14 juillet 2025, aura nécessairement à cœur lui aussi de marquer d’une pierre blanche la bonne la contribution de cette institution dans l’édification d’une justice équitable, plus proche des justiciables, pour une démocratie consolidée.

Par Jean-Célestin Edjangué

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