Clap de fin ce dimanche, 23 octobre pour le Festival international du film panafricain(FIFP). Parmi les favoris de cette 19ᵉ édition, le film du réalisateur camerounais.

La Vallée du feu du Péruvien Christian Perez Alvarez, le bandana rose de la Guadeloupéenne Dinah Effoudou, the mothers sons du Sud-africain Luntu Masiza … une cinquantaine de films provenant de soixante pays représentant tous les continents, sont en compétition. Le grand écran de cette 19e édition du Festival international du film panafricain de Cannes s’éteindra ce dimanche 23 octobre, sur la croisette. Des films particulièrement engagés qui épousent à la perfection le contexte d’une actualité mondiale dominée par l’incertitude du présent et une tendance de plus en plus affirmée de l’avènement d’un monde nouveau. La guerre en Ukraine, la montée des extrémismes en Europe, les coups d’État en Afrique, l’urgence climatique…

« Le trafic des ossements humains »

Dans cet océan d’images, deux films m’ont particulière touchée. Il s’agit de « Le trafic des ossements humains », un documentaire de François Kandonou Emakpondewou, qui traite avec force et détails cette question sociologique et mystique. « J’ai rencontré toutes les difficultés possibles et imaginables. L’équipe que j’ai constituée s’est disloquée à trois reprises avant de former un groupe stable », explique-t-il, précisant : « Si on ajoute les difficultés de financement, quelques accrochages avec les forces de l’ordre. Et vous comprendrez aisément pourquoi j’ai pris le temps de faire ce film ». Combien de temps alors ? « J’ai commencé le film en 2010, il est sorti en 2021, a été présenté aux « Écrans noirs » au Cameroun, puis ici au FIFP de Cannes ». Il aura donc fallu plus de 10 ans pour réaliser cette production qui met en exergue un pan des pratiques sociologiques du continent africain dont on parle si souvent, mais sur lesquelles il y a peu de films documentaires si bien argumentés.

« Pungu aviation »

L’autre film qui a fait sensation mercredi soir, lors de sa projection à l’espace Miramar, c’est « Pungu aviation ». Le scénario et la caméra de Patrick Epapè, connu jusque-là pour ses productions sur TE’TEKOMBO et RIO DOS CAMEROON, ont campé cette fois un sujet d’une double actualité, à la brûlante et intemporelle. « Je suis parti dans l’idée de faire un travail sur la production de la noix de palme à Pungu aviation. J’ai découvert plusieurs questions qui se télescopaient. La question de l’abandon de la terre, lié l’expropriation à cause de la construction du nouvel aéroport, pose plusieurs questions aux populations de ce village situé dans la région de Kribi dans le département de l’Océan, au Cameroun », confie le réalisateur, poursuivant : « L’implantation de la Socapalm dans le village de Pungu sans que dans un premier temps l’entreprise se soucie des conditions de vie, de la sauvegarde de l’environnement, a été vécu par les riverains comme du mépris ». Ayant remarqué cette réalité au moment du tournage, le réalisateur s’engage alors auprès des populations de Pungu aviation de tenter la médiation avec la direction de Socapalm pour permettre aux différents protagonistes d’engager un dialogue dans l’objectif du vivre ensemble. Cette promesse va être superbe tenue, avec en prime l’organisation d’une rencontre entre la direction de la Socpalm et les populations de Pungu aviation. La direction prenant même face caméra la décision d’embaucher un des leaders de la contestation contre les agissements de la Socapalm.

À l’issue de la projection, le public présent a applaudi longuement le film, posant par ailleurs des questions particulièrement intéressantes. Signes sans doute que la production de « Pungu aviation » a toutes ses chances pour ce 19ᵉ FIFP à Cannes dont les récompenses seront décernées ce dimanche, 23 octobre.

Par Jean-Célestin Edjangué à Cannes

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