De nombreux ressortissants du triangle national seront à la première réunion des associations ce vendredi, à la Bourse de Travail, à Saint-Denis, ville qui, avec la Plaine Commune et le département de la Seine-Saint-Denis, postule à l’élection prévue en 2028.

La candidature, portée par l’association Périfééries, sera actée en décembre 2022, pour un évènement prévu en… 2028 ! Mais la mobilisation des habitants de Saint-Denis, la Plaine Commune et du département de la Seine-Saint-Denis(93), bat déjà le plein. Nous l’avons expérimenté, début janvier, lors d’une descente dans la Mairie de Saint-Denis, à un jet de pierres de la célébrissime basilique construite sur la tombe de Saint Denis, évêque missionnaire, mort vers 250, et dont l’abbaye royale accueille depuis la mort du roi Dagobert, en 639, jusqu’au XIXᵉ siècle, les sépultures des rois et reines de France ainsi que celles de dix serviteurs de la monarchie française. En 1966, la basilique est même élevée au rang de cathédrale. Ce parfum d’histoire s’exhale jusque dans le somptueux bâtiment attenant de la Mairie. C’est même dans la salle de célébration des mariages que deux Camerounais d’origine, Blaise Ndjinkeu(lire par ailleurs), Maire adjoint aux projets humanitaires et citoyens de la ville de St-Denis, et Lamyne Mohamed alias Lamyne M, artiste plasticien et dionysien (habitant de Saint-Denis) nous accueillent pour nous parler des enjeux de la candidature du trio St-Denis, la Plaine Commune et la Seine-Saint-Denis, à la capitale européenne de la culture.

Saint-Denis, « ville monde »

« La ville de Saint-Denis regorge d’artistes et est culturellement, confortablement assise, très riche, avec des origines différentes, des pratiques religieuses variées, des opinions politiques diverses. C’est pourquoi je l’appelle, personnellement, « la ville monde » », confie Lamyne M, qui poursuit : « Avant d’arriver à Saint-Denis, j’habitais le 9ᵉ arrondissement de Paris. Ma famille a décidé de vivre à Saint-Denis, pensant que j’allais également bien m’y sentir. Et c’est vrai que j’ai eu une semaine pour m’acclimater et depuis, je ne me suis jamais aussi senti dionysien et français, en France, qu’à Saint-Denis », soutient l’artiste, expliquant : « Il y a plus de choses qui nous unissent malgré nos différences, ce qui créé une dynamique exceptionnelle, qu’on trouve rarement ailleurs. Au niveau du département, c’est celui qui accueille le plus de migrants. C’est aussi un département extrêmement jeune, avec 38 à 40% des habitants âgés de moins de 25 ans. C’est une chance extraordinaire ». Reste les préjugés qui défigurent souvent cette belle image. « Je n’ai jamais compris pourquoi certaines personnes pensent que l’immigration est un problème. Surtout en cette période de campagne électorale pour la présidentielle française. Nous sommes devenus un peu comme le placement bancaire des politiques. C’est sur nous qu’on mise pour montrer le méchant, le mauvais, oubliant que nous sommes aussi français, nous participons à la construction de la France, sans oublier nos racines. Parce qu’il est important de ne pas oublier nos racines, d’où nous venons ». Un atout incontestable pour cette candidature collégiale.

Impliquer l’Afrique

« La décision du Maire, Mathieu Hanotin, pour une mobilisation générale, est très importante. On va recevoir le monde entier. Monsieur le Maire l’a clairement exprimé, un des enjeux de cette candidature, c’est aussi de mobiliser les continents, les impliquer dans notre démarche. Certaines villes africaines, par exemple, seront sollicitées pour accompagner cette mobilisation collective. On a les mêmes objectifs, on a les mêmes problématiques, on veut avoir la même réussite ». Lamyne M, est chargé de l’exposition et l’animation de la candidature collective à la capitale européenne de la culture. Il gère notamment le projet de la Farandole, qui vise à rassembler sur un même site, deux lieux d’expositions avec des chambres artistiques où les artistes prendront leur quartier pour faire battre le cœur de cette candidature.  On peut donc le dire, sans sourciller, que les ingrédients d’une bonne promotion sont déjà en place. « On a 130 nationalités qui vivent, montent et gravitent autour de la Basilique. Il y a l’immigration maghrébine, européenne, africaine, asiatique, moyen-orientale… Nous avons ici, un véritable laboratoire de ce qui va se passer demain, en matière de construction des villes futures. Nous avons presque un temps d’avance sur ce qui arrivera », affirme encore l’artiste plasticien. Alors, si la candidature du trio Saint-Denis, la Plaine Commune et la Seine-Saint-Denis l’emporte, en 2028, qu’est-ce qui changera vraiment pour ce vaste espace territorial ? « J’ai vu comment une ville comme Matera, en Italie, élue capitale européenne de la culture, en 2019, a changé totalement ; comment la culture a gagné du terrain, des gens se sont appropriés la culture, des infrastructures nouvelles construites. Nous avons invité cette ville pour nous partager son expérience. C’était un moment formidable », se souvient Lamyne.

Ce vendredi, 28 janvier, à la Bourse de Travail de Saint-Denis, a lieu la première grande réunion des associations sur cette candidature. De quoi faire monter doucement la pression.

Par Jean-Célestin Edjangué

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