C’est une personnalité du milieu des architectes dans l’hexagone. Experte sur l’identification, auteure, réalisatrice et présidente de l’association « Bâtir et développer », qui contribue à la promotion du patrimoine culturel par le biais des échanges pédagogiques et techniques pour un développement durable, cette Camerounaise d’origine sillonne la planète pour sensibiliser sur la nécessité de lier l’esthétique de la construction à la terre comme matériau noble et écologique.

 Son expertise n’est plus à vanter, elle qui a travaillé pendant 15 ans à l’UNESCO. Qui est Amélie Esséssé ? « Je suis née en France, de parents camerounais, d’un papa ingénieur en aéronautique. Il devait ensuite partir en Afrique. Je suis née dans ce voyage, ma sœur Léonie aussi. Nous sommes nées dans le voyage et la découverte », raconte-t-elle, léger sourire en coin.

« Parcours »

Son parcours reflète la rencontre avec diverses cultures et régions, notamment en Europe et en Afrique. « J’ai fréquenté l’école primaire au Petit Joss à Douala. Puis le lycée de New-Bell, dans la même ville. J’étais très troublante, mais très attirée par tout ce qui était manuel à la maison. Les parents décident de m’envoyer retrouver ma sœur, Léonie, qui était déjà en France. Je me retrouve directement à l’internat, dans un collège privé à Ablon en région parisienne. J’y rencontre des Africains, notamment Ivoiriens qui m’encadrent. À chaque sortie de l’internat, je retrouvais ma sœur chez une tante à Vitry ». Puis arrive l’année du Bac, qui en France peut-être plus qu’ailleurs marque une nouvelle étape dans la vie quotidienne, une transition entre le cycle secondaire et l’université. « Je fais un Bac F4 Génie civil et je dis à mes parents que je veux faire architecture intérieure. Mais maman me conseille de faire plutôt architecture pour être architecte. Je fais donc l’Ecole d’architecture UP4 de Charenton (qui n’existe plus). Je choisis dans cette école l’atelier X de Jean-Louis Latour (aujourd’hui décédé). C’est un prof. Qui m’a fait prendre conscience, dans le cadre de ces ateliers, que l’architecture, ce n’est pas de l’ingénierie. Précisant : architecture veut dire art et structure. Du coup, il m’a aidé à développer mon aspect artistique pour qu’il rencontre l’ingénieure qui sommeillait en moi. Ce système d’ateliers me permettait de faire des relevés avec le crayon puis de dessiner le bâtiment », confie encore Amélie.

L’Afrique et ses constructions comme obsession

Elle n’a pas encore terminé avec ses études d’architectes qu’elle se projette déjà en train de révolutionner l’architecture du berceau de l’humanité. Pourquoi ? « J’ai toujours été préoccupée par les constructions en Afrique. C’est ainsi que dans les années 90, étant en 2ᵉ année, alors que l’École d’architecture de Dakar ferme, une partie des étudiants arrivent à Charenton. On décide de faire un collègue « Arts et architecture d’Afrique », à Charenton. Je rencontre les architectes Anatole EPEE ELLONG et Haman MOHAMAN et bien d’autres. Cette sensibilisation m’apprend aussi sur l’architecture en Afrique », confesse-t-elle, avant de changer de braquet pour s’engager davantage dans son rêve. « En milieu des années 90, je change d’école pour la Villette, une école d’architecture avant-gardiste, très ouverte, avec beaucoup de professeurs qui ont travaillé sur l’Afrique. J’ai créé l’antenne « La villette Africaine », pour faire venir des conteurs, des africains spécialistes de l’architecture africaine, pour sensibiliser sur l’architecture africaine. En 1996, j’organise un colloque sur les « Femmes africaines ».

Premier projet au Burkina Faso

Des expériences qui vont aider Amélie Esséssé à matérialiser son premier projet au pays des hommes intègres. « Je découvre l’architecture Kassena par l’Ambassadeur du Burkina en France. Lors de ce colloque, une association du Burkina me sollicite au sujet d’une école à construire. Je me déplace à Ouaga avec deux personnes. On était donc trois. On a fait l’école à Yako. Je n’étais pas encore diplômée. Ensuite, je vais à Tiébélé. Et là, quelque chose se passe, qui répondait à la question que je me posais depuis le début de mes études d’architecte : « Si je suis architecte, quel type d’architecture, je vais faire pour mon continent ? ». Je veux comprendre et j’y retourne 6 mois après. On part 4 ou 5 et on fait un prototype de maison Kassena avec les populations locales, à base de terre. J’ai fait mon diplôme sur Tiébélé, la construction de la bibliothèque », indique-t-elle avant de conclure : « Tout cet enseignement, cette confrontation, m’a amené au patrimoine de l’UNESCO », où elle passera 15 comme experte en identification. Aujourd’hui encore, Amélie Esséssé parcourt la planète entière pour promouvoir l’architecture à l’africaine.

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *