D’origine camerounaise, cet écrivain engagé pour la cause des femmes comme celle des enfants, puisqu’il est professionnel de la protection de l’Enfance, mais aussi dans les questions identitaires. Le nouveau roman qu’il vient de publier chez l’Orpailleur az’art atelier éditions est un véritable hymne pour le droit des femmes à disposer d’elles-mêmes. Il revient sur son projet d’écriture, explique pourquoi avoir sollicité son amie Djaïli Amadou Amal, Prix Goncourt des lycéens 2020, pour la préface, sans oublier le message qu’il voulait passer en choisissant de plancher sur une question pour le moins complexe.

Votre roman « Où se cache l’aube pendant la nuit » vient de sortir. Il est question de la condition féminine et surtout d’engagement en faveur de cette notre cause. Comment est né le projet d’écriture sur cette cause ?

Après la séparation de mes parents, dans une fratrie de quatre enfants, ma situation de petit dernier m’a permis de bénéficier de l’affection de mes grands-mères très protectrices. Hélas, elles n’étaient pas toujours présentes. Ma mère était absente et j’ai vécu auprès de mon père et de sa compagne pas toujours tendre. J’ai baigné dans un environnement féminin aux visages divers. Des tantes déterminées à s’en sortir coûte que coûte, des cousines exposées à toutes sortes d’abus à cause de la précarité, des mères, voisines et inconnues, se soumettaient aux exigences des hommes en espérant les tenir pour mieux écarter une rivale… Pendant mon adolescence, j’ai recueilli des confidences. Une atmosphère aussi chargée de douleurs vous prédispose à défendre cette cause. Autant que l’enfance maltraitée, les violences faites aux femmes sont une thématique que je porte. Ceci explique sans doute pourquoi je travaille dans la protection de l’enfance.

L’ouvrage est préfacé par Djaïli Amadou Amal, Prix Goncourt des lycéens et icône de la lutte pour l’émancipation des femmes, notamment dans le Sahel. A-t-il été facile de la convaincre de participer à cette aventure littéraire et humaine ?

Ma rencontre avec Djaili Amadou Amal remonte à 2007, dans un atelier d’écriture initié par Pabe Mongo, auquel nous participions à Yaoundé. Cette camarade portait un récit tragique. Son histoire a résonné en moi. Nous sommes devenus des amis et le sommes restés. Lorsque mon premier roman Sur la trace de Saër, première version d’Où se cache l’aube pendant la nuit, est sorti en 2009 aux éditions Ifrikiya alors dirigées par notre ami François Nkémé, Amal a apprécié cet ouvrage. Il y a quatre ans, poussé par un sentiment d’inachevé, j’ai décidé de le retravailler. J’ai pensé à Amal pour la préface. Je n’ai pas eu besoin de la convaincre…

Kony, l’héroïne du roman, incarne toutes les contradictions que vivent les femmes violentées, maltraitées au quotidien et peinent souvent à quitter définitivement leurs bourreaux. Quel message voulez-vous transmettre derrière son portrait ?

Celui que suggère le titre énigmatique Où se cache l’aube pendant la nuit. La confiance en soi et l’espoir. On a tendance à chercher hors de soi quand on traverse une situation sans issue. Kony est cette fille, comme il en existe des milliers en Afrique et ailleurs, qui se retrouve piégée par le poids des responsabilités familiales portées trop tôt. Alors qu’elle frôle la folie, je la ramène vers l’essentiel : son intériorité. Une auto psychanalyse pour accéder à la lumière. La réponse est en nous dans des difficultés existentielles. J’en suis persuadé. Un message universel qui ne s’adresse pas qu’aux femmes, mais à l’humanité tout entière.

Recueilli en ligne par J.-C. Edjangué

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