À Cotonou se tient du 14 au 19 février 2023, la première édition du FinAB – Festival International des Arts du Bénin. Cette initiative célèbre sept arts, de la musique, à la danse, en passant par le théâtre, les arts plastiques, le cinéma, la mode et la littérature. Dans ce cadre, je voudrais apporter ma petite contribution aux acteurs s’exprimant dans les sept arts sus cités.

Quel que soit leur domaine d’expression artistique, je voudrais reconnaître le mérite des artistes qui mettent à la disposition de leur communauté des œuvres d’esprit qui en soi n’ont pas de prix. Aucune œuvre d’esprit ne saurait être vendue à sa juste valeur. C’est dire que si dans nos détours, l’œuvre d’un créateur se retrouve à être à notre portée, c’est que son créateur a décidé de faire don de sa personne. Ce sacrifice, beaucoup l’ignorent. C’est pourquoi je salue cette initiative portée par Ulrich Adjovi qui vise entre autres à mettre les projecteurs sur des industries culturelles et créatives particulières. Je suis persuadé d’une chose : « l’Afrique est le berceau de l’art » et nous devons travailler à lui redonner ses lettres de noblesse. Pour ce faire, les artistes doivent travailler à faire connaître leur art.

La visibilité des artistes pour le rayonnement des arts

Joël Birman disait dans une de ses contributions scientifiques que « de nos jours, la visibilité est devenue la matière première du cogito. » Pour lui, le « je pense, donc je suis » dont Descartes a la paternité doit désormais être substitué par « je vois et je suis vu, donc je suis ». Ce n’est pas un ordre intimé aux créateurs de profaner les retombés de leur muse, mais une exhortation à prendre conscience qu’ils ont à faire une combinaison unique de leurs attributs afin de les mettre au-devant de la scène. En la matière, il faut avouer qu’il y en a qui font un travail assez remarquable. Mes hommages aux artistes Dominique Zinkpe, Romuald Hazoumè, Charly Charlemagne Djikou ; à Sèdo Tossou, à PéPé OLEKA, Gopal Das Nounagnon, Florent Raoul Couao-Zotti, Carmen Toudonou, etc. qui s’adaptent aux avancées technologiques. La liste n’est pas exhaustive. Pour ceux qui sont encore à la traîne, il n’est pas tard de rattraper le train en marche. Votre art doit sortir de son couvent pour être soumis au processus cognitif à la fois émotionnel et rationnel du public. Quand on se rend à l’évidence qu’on est soi-même son premier média, qu’on est un être de discours, on commence à faire le tri de ce qu’on renvoie au monde. Le personal ou le professional branding dans le cas d’espèce doit être votre meilleur allié. En quoi il consiste en français facile ?

Il consiste d’abord à définir qui vous êtes en tant qu’artiste, ce qui vous distingue des autres, en suite parvenir à une proposition de valeur unique et en fin à la faire connaître dans la perspective d’être reconnu. L’étape la plus importante à mon sens, c’est d’arriver à répertorier les différentes facettes de vous et de décider de promouvoir certaine au mépris du reste.

Avec les médias sociaux qui ne sont qu’une extension du monde réel, la deuxième étape de ce processus qui consiste à faire connaître votre unicité est encore plus aisée, même s’il nécessite que vous ayez des compétences techniques. Au-delà des vernissages, des expositions, des conférences de presse, etc. les artistes doivent bâtir une existence en ligne sur la base de leur proposition de valeur unique. Cette dernière n’est rien d’autre que l’expérience unique qu’ils promettent au public cible. C’est d’ailleurs sur cette proposition de valeur unique que prendra appui le positionnement de ceux-ci, décrit par Labrecque, Markos et Milne (2011) comme « une communication active de l’identité (ici de l’artiste) ». Puisqu’il s’agit d’une communication en ligne, les conseils d’Olivier Aïm et de ses collègues sont à prendre en compte. Ils recommandent une « gestion cohérente et structurée de l’identité, de la notoriété et de la réputation numériques sur les différents canaux numériques où l’on peut trouver des traces d’un individu (artiste).

La gestion cohérente et structurée de l’identité et de la notoriété numériques commence par le choix des canaux idéals pour l’expression de l’art des artistes. En la matière, Instagram, Pinterest, etc. mettent en avant l’image. YouTube, TikTok, etc. sont nécessaires à la démonstration. Facebook est un réseau social numérique généraliste, peut donc servir à tout. LinkedIn est un réseau social numérique professionnel qui peut permettre des collaborations professionnelles, de même qu’elle peut servir à agrandir le réseau des artistes. Un autre point qui nous semble important, c’est le choix de l’identifiant sur les médias sociaux. Ce qui est conseillé, c’est d’avoir un nom qui ne se confond pas aux autres. Le nom choisi sur Facebook doit être le même que celui sur LinkedIn par exemple.

La gestion cohérente et structurée de l’identité et de la notoriété numériques, c’est aussi, la détermination des aspects de votre vie privée que vous ne voulez pas confondre avec votre vie professionnelle dans vos prises de parole en ligne. Les artistes doivent se fixer des limites. Le monde n’a pas besoin de tout savoir sur vous.

Pour ce qui est de la gestion cohérente et structurée de la réputation numérique, elle est axée en premier lieu sur une surveillance et l’analyse des informations faisant allusion à l’artiste. Pour Alloing (2016), elle consiste à « identifier des risques potentiels, à collecter des avis, à faire une surveillance globale et exhaustive de l’environnement numérique, et offre la possibilité de circonscrire des « influenceurs », ou encore la détection de « signaux faibles » permettant d’anticiper les comportements à venir des usagers surveillés et tout phénomène « viral ». En deuxième lieu, cette gestion implique la production et la diffusion de contenus. La publication de contenus dans le cadre de la gestion de la réputation numérique doit être motivée par un besoin d’atténuation des « opinions négatives » sur l’artiste. En troisième lieu, pour finir, cette gestion cohérente et structurée de la réputation numérique met un accent sur la construction et la gestion des communautés. Elle se rapporte à une stratégie de community management dont le rôle est de gérer les impressions des internautes à travers la propagation et la légitimation des discours de l’artiste.

Pas de stratégies universelles, mais une unicité qui différencie

En réalité, il n’y a pas une stratégie standard à appliquer à chaque artiste, car dans le fond, les artistes ne se ressemblent pas, de même que l’est l’expression de leur art. Cependant, on retiendra qu’en fonction des deux types d’auditoires qui existent sur les médias sociaux au sens de Ollier Malaterre (2018), quatre stratégies existent. La première consiste à segmenter les activités et/ou vos profils en fonction des cibles personnelle ou professionnelle. Sur Facebook, elle se manifeste entre autres par la création d’une page pour les activités professionnelles et d’un compte personnel pour les interactions avec les proches. La deuxième stratégie vise à prendre le contrôle des informations publiées de sorte qu’elles soient valorisantes et socialement acceptables par l’ensemble des cibles. La troisième stratégie est une combinaison des deux premières. En fonction donc de l’auditoire, vous publiez des informations qui vous valorisent. La quatrième stratégie est dite « ouverte » parce qu’elle consiste à partager de façon indifférente toutes sortes d’informations dans une logique de transparence. Cette stratégie est très courante, mais n’est pas la plus indiquée aux professionnelles.

Quelle que soit la stratégie choisie, le plus important est de sortir du silence et de révéler votre art au monde qui n’attend que vous. Parler de soi sous nos cieux n’est pas chose aisée, mais n’est pas chose impossible. Dans l’exposition de soi, il suffit d’être cohérent, authentique et aligné avec ce qu’on est.

Par Gildas djidjoho SALOMON
Spécialiste de la communication et des Relations publics
Diplômé de l’école Nationale des Sciences et Techniques de l’information
Passionné des thématiques sur le personal branding et des médias sociaux

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