Une dizaine de jours après le tremblement de terre qui s’est produit dans la région de Marrakech et dans le Haut Atlas, dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre 2023, la mobilisation reste intense pour venir en aide aux sinistrés et à leurs familles. Rabiaa Marhouch, Docteure en littératures françaises et comparées, écrivaine et chroniqueuse littéraire au Courrier de Genève, membre de l’Association Rabat Accueil, très investie, dans l’entraide avec les sinistrés du séisme, a passé 4 heures, ce dimanche 17 septembre 2023, avec Narjis Triki, bénévole et membre de l’Association El Baraka Angels, dans le quartier Hay Riad à Rabat. En plus de milliers d’autres packs déjà préparés ou distribués, 1000 packs supplémentaires de denrées alimentaires et de produits d’hygiène ont été préparés durant cette journée du dimanche pour d’autres convois prévus vers la région d’AL Haouz. Très motivant !
Bonjour, Narjiss, vous êtes l’une des responsables de ce point de collecte des dons pour l’Association El Baraka Angels dans le quartier Hay Riad à Rabat. Pouvez-vous nous parler dans un premier temps de votre association ?
Nous sommes ici dans notre local, notre dépôt habituel. Beaucoup d’habitants du quartier ont eu l’amabilité, la gentillesse et la solidarité de mettre à notre disposition leurs garages. C’est là que nous avons l’habitude de travailler. Notre association, c’est El Baraka Angels. On s’occupe de distribuer les denrées alimentaires, des jouets, des cartables scolaires, dans des régions reculées du Maroc. On participe aussi à reconstruire des écoles ou à creuser des puits dans ces régions-là. On participe comme on peut à aider les habitants tout au long de l’année, c’est le but de l’association.
Vous êtes donc aussi dans le secteur éducatif ?
Exactement. On est à la fois dans le secteur éducatif et le secteur alimentaire, tout au long de l’année, en dehors de l’urgence de la situation actuelle liée au séisme.
Pouvez-vous nous parler de la solidarité qui s’exprime depuis le tremblement de terre ?
On a vraiment été témoin d’une solidarité incroyable depuis la catastrophe naturelle de début septembre 2023. Je veux parler en particulier des jeunes entre 15 et 23 ans qui nous ont épatés, qui ne se sont jamais arrêtés de 9 heures du matin à 23 heures. Ils ont mobilisé leurs amis, les familles… On a vraiment été touchés par cet élan de solidarité qui caractérise tant le peuple marocain. On a eu énormément de dons, tout ce qui concerne les denrées alimentaires périssables, mais aussi non périssables. Pour les denrées périssables, comme le pain frais, le pain de mie, le lait frais et autres, nous collaborons avec des orphelinats qui viennent les récupérer… Quant aux denrées non périssables (la farine, le sucre, les féculents, les légumineuses, les fruits secs…), nous faisons des packs de denrées alimentaires, comme nous avons l’habitude de le faire, mais cette fois pour les acheminer vers les régions et les zones sinistrées. On a reçu des dons vraiment intelligents et on a été témoins d’une solidarité extraordinaire.
Parlez-nous de votre organisation. Comment procédez-vous pour intervenir jusque dans les régions les plus reculées ?
Nous travaillons à la chaine. Il y a d’abord la collecte des denrées, leur tri, la constitution des packs de denrées fermés, avant de les confier aux transporteurs qui se chargent de leur acheminement. Certains sont des transporteurs avec lesquels nous travaillons d’ordinaire. D’autres sont le fruit de la solidarité de gens qui ont fourni des camions. Jusqu’à présent, nous sommes intervenus dans trois provinces : Taroudant, Chichaoua et Azilal. Je n’ai pas retenu les noms de toutes les communes et des villages, mais je sais que nous sommes allés, par exemple, dans les communes d’Asni et de Amizmiz, dans la région d’Al Haouz. On rencontre parfois des difficultés pour mettre tout ça en place, comme vendredi dernier, 15 septembre, où la boite à vitesse d’un camion a explosé juste avant le départ du convoi qui comptait plusieurs autres camions chargés de dons. Et comme il était tard, nous n’avions pas pu trouver un camion de remplacement. Mais nous comptons toujours sur la solidarité des Marocains, même dans des situations imprévisibles comme celle-ci.
Avez-vous des besoins particuliers ?
Nous avons demandé l’arrêt des dons vestimentaires et de bouteilles d’eau, pour le moment. Nous réévaluons régulièrement nos besoins et les communiquons sur notre page Instagram aux donateurs. Mais les besoins en denrées alimentaires non périssables sont permanents et les dons de ce type sont toujours les bienvenus.
Réalisé par Dr Rabiaa Marhouch à Rabat
Retranscription de Jean-Célestin Edjangué