Alors qu’il devait prendre son train, à Paris, gare de l’Est pour Francfort en Allemagne, ce Burkinabé d’origine, professeur des Universités, a vécu une drôle de mésaventure. Il va porter plainte.

Pr. Alain Joseph Sissao, vous avez eu quelques désagréments dans l’achat de votre billet de train de Paris pour Francfort en Allemagne, ce dimanche 25 septembre. Que s’est-il passé et dans quelle gare ?

J’ai pris un billet pour Francfort le vendredi  23 septembre sur un billet modifié pour un départ lundi 26 septembre à 17h.

J’ai dû sous la contrainte acheter un billet à 200 euros en première classe pour un départ le dimanche 25 septembre à Francfort, à 9 h 06, au risque de ne plus avoir de place, car il n’y avait plus de la place en deuxième classe.

J’arrive donc ce dimanche 25 septembre matin au quai pour l’embarquement et les contrôleurs me refoulent sous pour prétexte que mon billet n’est pas valable. J’ai ainsi raté mon train et je suis allé au guichet SNCF de la gare de L’Est pour faire ma réclamation. Heureusement qu’au guichet SNCF, j’ai rencontré une Française d’origine africaine qui a cru à ma bonne foi et a décidé de s’en référer à son supérieur hiérarchique. Après moultes recherches, elle a reconnu que j’avais raison et a décidé de me délivrer un billet Paris-Karlsruhe et Karlsruhe-Francfort. La machine avait semble-t-il fait un bug au point de rendre mon billet introuvable dans le système informatique, ce qui me paraît invraisemblable. Elle m’a présenté des excuses au nom de la SNCF, mais m’a conseillé de déposer plainte sur le site SNCF.COM pour les préjudices subis.

Quelles conséquences ce problème a pu avoir sur votre voyage et votre état psychologique ?

Les conséquences sont énormes au niveau de mon voyage qu’au niveau du travail, car je devrais retrouver mon collègue, en Allemagne, pour une réunion de travail.

Ensuite au niveau psychologique, j’ai été sérieusement éprouvé, car j’avais l’impression que les agents de la SNCF en voyant que je suis africain ou disons noir doutaient de ma bonne foi. Ce qui m’a ébranlé, choqué au point de me faire douter même de la préséance des machines sur l’homme et de jouer sur ses imperfections ou bugs afin de décliner toute responsabilité. À ce point, je doute que la France, ce pays des droits de l’homme, ne soit devenu un pays de la discrimination. Le pays où j’ai fait mes études doctorales il y a plus de trente ans et que je ne reconnais plus. J’ai subi des préjudices professionnels, financiers et humains qui demandent réparations.

Comment pensez-vous que ce genre de dysfonctionnement puisse être anticipé dans l’avenir ?

Je pense qu’il faut nécessairement qu’à l’avenir, on serve d’abord le client, au mieux l’écouter, car c’est un client, au lieu d’aller sur des préjugés, car quand on oblige le client à acheter un billet cher en première classe pour faire gagner la compagnie SNCF, cela doit aller avec un code d’éthique en responsabilité sociale dans l’entreprise, autrement, c’est la machine qui gouverne l’homme. L’écrivain Cheikh Hamidou Kane avait dépeint cet Occident sans âme marqué par la loi du profit au détriment de l’humain dans l’Aventure Ambiguë.

Recueilli par Jean-Célestin Edjangué

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