Il aura régné sur le pays depuis près de quatre décennies, marquant de son empreinte la vie politique de l’Angola tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, avant de quitter le pouvoir en 2017. Il est décédé à Barcelone, vendredi 8 juillet, à l’âge de 79 ans.
« L’ancien président José Eduardo dos Santos est décédé le 8 juillet 2022, en fin de matinée, à l’âge de 79 ans en Espagne », annonce la présidence angolaise sur sa page Facebook. Le communiqué précise que José Eduardo dos Santos était hospitalisé dans une clinique, à Barcelone, depuis un arrêt cardiaque le 23 juin, indiquant par ailleurs que les autorités angolaises s’inclinent « avec le plus grand respect et la plus grande considération » devant un homme d’État qui a gouverné avec « clairvoyance et humanisme » son pays « à des moments difficiles ». Un deuil national de cinq jours, qui a démarré le 9 juillet à minuit, a été décrété.
Une ascension fulgurante
Né le 28 août 1942 dans une famille modeste, José Eduardo dos Santos a grandi dans le quartier de Sambizanga, un bidonville de Luanda, la capitale angolaise et centre de la lutte contre la puissance coloniale portugaise. Fils de maçon, José Eduardo dos Santos adhère en 1961 au Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA) mais ne fait qu’un bref passage dans la lutte armée. En 1963, il obtient une bourse pour étudier en Azerbaïdjan où il décroche un diplôme d’ingénieur et y épouse Tatiana Kukanova, une Soviétique, la mère de sa fille, Isabel. Dans les années 1970, il intègre le Comité central du MPLA et devient dauphin du premier président de l’Angola, Agostinho Neto, dont il devient chef de la diplomatie à l’indépendance en 1975. À sa mort en 1979, il est investi chef de l’État par le parti et en prend la présidence.
27 ans de guerre civile, 500.000 morts
l’Angola connaît, dès le lendemain de son indépendance, les désagréments de la guerre civile, qui perdure, faisant quelque 500 000 morts en 27 ans, que le président dos Santos mène, avec l’appui de l’Union soviétique (URSS) et de Cuba, contre l’Unita de Jonas Savimbi, soutenu par le régime d’apartheid sud-africain et les États-Unis. Cette guerre civile ne prendra fin qu’en 2002, avec la mort de Jonas Savimbi. « Il a dirigé le processus qui a abouti à la signature des accords de paix, le 4 avril 2002 », rappelle l’agence de presse angolaise, Angop. Son contrôle du MPLA lui assure d’être automatiquement reconduit à la tête du pays, avec en prime, une surveillance accrue des médias et la répression de toute velléité de contestation. En 1992, la présidentielle est annulée entre les deux tours après des accusations de fraude de son rival Jonas Savimbi. Et l’élection présidentielle de 2008 n’aura jamais lieu, la Constitution de 2010 lui permettant d’être reconduit deux ans plus tard comme chef du MPLA, vainqueur des législatives. Ses adversaires politiques crient à la « dictature », lui s’en défend. « Nous sommes un pays démocratique. Nous avons plusieurs partis », avance-t-il en 2013 dans une interview à la presse. En décembre 2016, il annonce son retrait, surprenant même ses adversaires politiques. Quelques mois plus tard, en 2017, il laisse la place à son dauphin, Joao Lourenço.
Sur le plan économique, José Eduardo dos Santos a fait de l’Angola le premier producteur de pétrole en Afrique, d’Afrique, au même niveau que le Nigeria. Sa fille Isabel, surnommée la « princesse », nommée en 2016 à la tête de la compagnie pétrolière nationale (Sonangol), est aujourd’hui sous le coup de plusieurs enquêtes judiciaires pour biens mal acquis et corruption.
La Rédaction de Newsafrica24