Président du Congrès du Peuple Né le 31 janvier 1960 à Gamboma, département des Plateaux, dans le centre du Congo, de M. N’GUITOUKOULOU Abraham et N’ZOUZI Émilienne, 5e d’une fratrie de 7 enfants.  De famille plutôt modeste pour ne pas dire pauvre. En 1966, le tribalisme s’exacerbe, le vent Marxisant qui souffle alors dans le pays y est probablement pour quelque chose, vos parents quittent Gamboma pour la capitale, Brazzaville, et s’installent à M’FILOU, un des quartiers difficiles de la capitale, aujourd’hui arrondissement n°7 de Brazzaville. Vous y passé votre scolarité jusqu’à la fin du primaire, dans des conditions extrêmement précaires : pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de moyens de transport ni de soutien scolaire. Vous étudiez souvent à la bougie, voire à la lueur des lampadaires. Ce qui ne vous a pas empêché de devenir ce que vous êtes aujourd’hui, médecin anesthésiste et homme politique, président du parti Le Congrès du Peuple et le principal opposant au régime du président Sassou Nguesso. Il parle des enjeux des législatives du 10 juillet 2022 au Congo et de l’urgence de la reconstruction nationale. Lisez-plutôt !

Le dimanche 10 juillet 2022, ont lieu les législatives au Congo. Un scrutin qui, en réalité, devait se dérouler en 2017, pour permettre de renouveler, pour 5 ans, les membres de l’Assemblée nationale de la république du Congo. Quels sont les enjeux de ce scrutin pour le Congrès du Peuple, pour les congolais et même pour la sous-région Afrique centrale ?

Merci pour cette question M. Edjangué. Honnêtement, les Congolais n’ont rien à attendre de ces élections. Notre regard est tourné déjà vers demain. On ne regarde plus le passé. Les Congolais s’intéresseraient beaucoup plus à ces élections si mon pays, le Congo-Brazzaville, était considéré comme une démocratie.

Quelle lecture faites-vous de la situation politique aujourd’hui du Congo ?

Mon regard sur la situation politique actuelle dans mon pays, ma lecture de la vie politique de mon pays, me font dire que, malheureusement, le Congo n’est qu’un artefact démocratique. On a l’impression d’un habillage. Même pas d’un habillage, le sentiment d’un habillage démocratique, mais qui en réalité n’en est pas. La preuve ? La Chambre devait être renouvelée en 2017. Nous voici 5 ans après. Circulez ! Il n’y a rien à voir. C’est normal, la vie continue.

Qu’est-ce que ça dit du fonctionnement des institutions au Congo ?

Ça veut dire surtout que le pouvoir décidé ce qu’il veut selon son bon vouloir au détriment de l’intérêt général qui doit passer par un cadre constitutionnel établi par le même pouvoir. Le Congo étant un artéfact démocratique, que voulez-vous que j’attende quelque chose de ces législatives dont, on sait que les résultats sont connus d’avance ?

On a l’impression que les jeunes congolais s’intéressent de plus en plus à la politique. Comment analysez-vous ce phénomène ?

Il y a une particularité que j’ai observée. C’est l’engouement des jeunes à vouloir se lancer dans la politique. C’est une bonne chose. J’ai été aussi intrépide que ces jeunes de 20 ans, quand j’avais moi-même leur âge. Je me suis battu comme jeune militant politique pour apporter ma contribution. Mais ce n’est plus le même engagement. On a fait passer le message à la jeunesse, au travers des seuls référents qu’ils ont à la tête des structures étatiques, que seule par la politique on peut réussir. Ce message nous prive de cadres de qualité qui vont prendre le relai pour construire ce pays. Si on avait suffisamment d’exemples de grands ingénieurs, pilotes, philosophes, cinéaste, médecins et que sais-je encore… la jeunesse aurait alors des modèles à suivre, elle prendrait le relai. Le seul exemple que cette jeunesse à ans le pays aujourd’hui, ce n’est pas l’expertise professionnelle pour laquelle je plaide, mais c’est plutôt le cirque politique auquel nous assistons. Quand vous explorez la vie politique des congolais dans les réseaux sociaux, vous avez les larmes aux yeux. Vous avez des autorités politiques qui se livrent publiquement à l’incroyable. Moi, président, je n’irai pas danser publiquement, au mépris de la souffrance des populations et distribuer des sommes en billets (faroter ndlr). C’est exclu. Quelle dignité ! Quelle éthique ! Quand l’exemple part d’en haut et se répercute en bas, tout le monde veut faire exactement pareil. Parce que c’est le seul exemple, le seul repère qu’ils aient. La plupart de ses dirigeants ont leurs enfants saisis du virus et qui veulent faire la même politique. Laquelle ? Faroter. Pour moi, pour le Congrès du Peuple et pour bon nombre de Congolais, ce système, c’est du passé. On peut le critiquer, ce plus ça la question. La question, c’est d’avoir l’audace de dire que nous voulons la décision politique pour changer. Ce n’est pas par les législatives qu’on changera les choses. C’est par la conscientisation des citoyennes et citoyens, c’est par la conscientisation des populations que nous arriverons à remettre un peu d’ambition patriotique dans le cœur des compatriotes. Et en cela, tous ceux qui se sentent de s’élever l’âme pour aider à la reconstruction nationale, ce message leur est adressé.

Mené par Jean-Célestin Edjangué à Aix-en-Provence

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