La 34ᵉ session du Conseil des Gouverneurs du Fonds Commun pour les Produits de Base(CFC), s’est tenue à la Haye, le 14 décembre dernier. SEM Aly Touré, Représentant Permanent de la Cote d’auprès des Organisations Internationales pour les Produits de Base a prononcé un discours remarqué.

« Les ressources naturelles, comme les produits de base, nécessaires à la survie humaine – comme la nourriture, l’eau douce, l’océan, les forêts, les sols, etc. – diminuent. Le changement climatique contribue à la dégradation de ressources précieuses à mesure que les phénomènes météorologiques violents, comme les sécheresses, deviennent plus fréquents et affectent les récoltes, entraînant une diminution de la nourriture pour la consommation humaine », a prévenu l’Ambassadeur Aly Touré, rappelant : « La CNUCED a récemment signalé qu’une augmentation de 35 % de la demande alimentaire mondiale était souhaitable, ce qui nécessitera des systèmes alimentaires plus robustes d’ici à 2030. Selon le Programme alimentaire mondial, 828 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde parce que les systèmes alimentaires sont défaillants et les systèmes alimentaires ne répondent plus aux besoins de larges couches de la société. L’amélioration de la performance des systèmes alimentaires et de leur capacité à répondre aux besoins mêmes des plus pauvres sera essentielle pour atteindre l’objectif Faim Zéro ». Et d’insister : « Selon la FAO, en mars 2022, les prix alimentaires mondiaux ont atteint un niveau record, avec des prix du carburant en hausse de 86% et des prix des engrais en hausse de 35% par rapport aux deux années précédentes. Le Programme alimentaire mondial comptait 50 millions de personnes dans 45 pays au bord de la famine. Même dans des pays à revenu élevé comme les États-Unis et le Royaume-Uni, des millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire grave ».

Afrique : 90 milliards d’importations alimentaires d’ici à 2030
Le Représentant des matières premières de la Côte d’Ivoire à Londres a tiré une autre sonnette d’alarme concernant l’Afrique : « Selon le document de position commune africaine, en 2019, l’Afrique a dépensé 43 milliards de dollars en importations alimentaires, et il est prévu d’atteindre 90 milliards de dollars par an d’ici à 2030, soulignant deux réalités contrastées ; à savoir les opportunités existantes pour l’agriculture et les agriculteurs africains, et d’autre part, la dépendance croissante non durable de l’approvisionnement alimentaire vis-à-vis des sources étrangères. C’est là que je souhaite attirer l’attention des États membres ». Et si les choses semblent mal enclenchées, elles ne sont pas irrémédiables. « La situation semble complexe de l’extérieur. Mais, comme le fonctionnement du Fonds commun l’a prouvé, la solution à la plupart des problèmes du monde en développement se trouve à la base. Si nous pouvons concentrer notre attention sur la vie de plus de 2 milliards d’agriculteurs qui produisent toute notre nourriture et d’autres produits de première nécessité ainsi que d’autres commodités, nous pouvons inverser la tendance. La solution, comme nous l’avons montré en Côte d’Ivoire (grâce à la vision et au leadership du Président Alassane Ouattara), consiste à donner plus de revenus et de connaissances aux petits exploitants », explique encore M. Aly Touré, confessant : « Le CFC l’a également montré dans son travail lorsqu’il est resté résolument concentré sur la mise en œuvre du lien entre les PME (petites et moyennes entreprises) ».

Dès lors, l’investissement dans le développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté et de la faim, passe par une réponse forte aux besoins et attentes des petits exploitants.  D’où l’urgence de la transformation du système alimentaire. « L’Afrique a en effet reconnu la nécessité de mettre sur un parcours de transition des systèmes alimentaires afin de fournir des moyens de subsistance et une augmentation des revenus à des millions d’agriculteurs qui sont l’épine dorsale de l’économie du continent tout en abordant la durabilité environnementale, le climat, l’énergie et les systèmes d’eau ».

Louant le type d’investissement que le CFC a fait en Afrique et ailleurs, Aly Touré pense que « Le fonds aidera à cimenter le lien entre les PME et les petits exploitants de la même manière que vous avez aidé vos communautés avec de généreuses prestations de sécurité sociale pendant cette période difficile ».

Par Jean-Célestin Edjangué

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