Ancien Délégué Europe du GICAM, cet expert-comptable de profession est très actif au sein de la diaspora du triangle national dans l’hexagone. Il explique son incompréhension au sujet de la hausse vertigineuse des tarifs de visa pour entrer au Cameroun.
Un communiqué de l’Ambassade du Cameroun en France, daté du 20 décembre 2022, indique qu’à compter du 1er janvier 2023, les nouveaux tarifs sont de 172 euros pour un visa normal, 190 euros pour un visa express et 10 euros pour un timbre gradué. Comment l’ancien Délégué Europe du GICAM et membre de la diaspora camerounaise réagit-il à cette nouvelle ?
Pardonnez la brutalité de ma réponse, cette augmentation est une aberration totale. Pour rester plus précis, je vous dirais que cette décision est une erreur très grave pour les actions du Gouvernement prétendant réunir et attirer la Diaspora camerounaise afin de lui permettre de donner du sens à sa contribution énorme à l’effort de construction nationale. Je reste persuadé que cette décision n’est pas le résultat d’une analyse parlementaire étoffée, voire défendue par les Parlementaires en charge des questions concernant la Diaspora et qui ont l’habitude de recevoir les doléances et récriminations de cette onzième province du Cameroun. Elle sortirait probablement d’un ministère quelconque qui essaie de se faire plaisir ou alors qui manque de véritable occupation, etc. Il est inconcevable que le Cameroun qui souffre d’un manque de politique de développement et d’attraction touristique se permette par cette cacophonie criarde d’émettre une telle décision qui, au lieu d’attirer, éloigne plutôt, dénigre gravement les actions rassembleuses et unificatrices que mènent avec succès jusqu’à présent des Ambassadeurs du Cameroun et leurs services diplomatiques et Consulaires etc tel que celui de France, de Belgique ou d’Allemagne, pour ne citer que ceux-là qui ont réussi par leur stratégie d’approche à ramener vers les services Consulaires les différentes couches sociales des Camerounais à l’étranger. Cette Diaspora de hautes qualités et compétences déjà désabusée par la non-attribution de la double nationalité qui aurait décrispé certaines tensions profondes et facilité une mobilité des personnes, mais aussi des capitaux, des compétences et expertises techniques diverses vers le Cameroun se sentent une fois de plus humiliée et frustrée profondément par ce type de décision à dessein pour les auteurs. L’effet financier sous-jacent recherché ne sera pas atteint, car ni les touristes, ni les familles camerounaises de nationalités étrangères, encore moins la jeune génération des enfants camerounais galvanisés ces derniers temps par des discours et démarches de multiples incitations en leur faveur pour découvrir et investir au Cameroun, n’éprouverons plus aucune envie de se rendre dans ce pays qui par des actes de cette nature le classe au rang des mal aimés par ses propres enfants. Prenez pour exemple une famille de 6 personnes dont 4 enfants qui devront débourser 172 € ou 190 € par personne soit 1032 € ou 1140 € sans oublier le coût exorbitant des billets d’avion pour un grand pays qui ne dispose plus d’emblème aérien, international, crédible et digne, plus les frais de séjours sur place dans un environnement dont l’infrastructure touristique n’est pas si appropriée et dans lequel le monde entier s’abreuve tous les jours des actes d’insécurité aigüe et désagréable, etc. Cette mesure très mal venue et sans intérêt plonge et contribue à crisper encore plus les intentions de visite du Cameroun par toute personne souhaitant le découvrir ou y investir ; elle tue dans l’œuf toutes les initiatives d’attractivité et d’ouverture de ce pays vers les autres. Le montant de 125 € était déjà suffisamment décrié et excessif. Il parait donc évident que le rejet de la Diaspora camerounaise par son Gouvernement est manifeste et clairement exprimé, voire acquis, les conséquences d’une telle aberration sont sans commune mesure et il appartient au Gouvernement responsable de rattraper cette bévue et de la corriger immédiatement avant tout déluge et décrépitude.
En quoi ces tarifs peuvent-ils représenter un frein à l’action que mène une certaine diaspora camerounaise en France pour accompagner l’action de SEM André Magnus Ekoumou, Ambassadeur du Cameroun en France, dans l’optique de la paix retrouvée au sein de cette diaspora ?
Ces tarifs excessifs sont un véritable frein et un revers humiliant pour les actions louables des Ambassadeurs Camerounais qui ont su avec une certaine dextérité et stratégie rassembler et apaiser l’ensemble des Camerounais autour d’un idéal commun qui reste l’amour de ce pays et l’envie de s’y rendre et d’y investir durablement, etc. Le dynamisme de ces Diplomates à l’instar de SE Magnus EKOUMOU André en France ou SE Daniel EVINA en Belgique ont vu éclore diverses organisations collectives d’envergure des Camerounais désireux de participer vigoureusement au développement du Cameroun ; de multiples Organisations telles que l’Union des Camerounais de l’Etranger (UCE) ou encore l’Association des Elus Français d’origine camerounaise (EFRACAM) ou encore DIAS’INVEST et bien d’autres ont émergé librement pour dynamiser et mutualiser diverses compétences de cette Diaspora active et constructive très utile pour compléter et combler le chainon différentiel manquant à ce pays pour booster sa croissance bien au-delà des simples importants transferts d’argent improductifs. Cette mesure aura pour graves conséquences d’éloigner à nouveau les Camerounais auparavant frustrés, voire rejetés et inconnus, de leurs services diplomatiques de proximité.
Que peuvent les associations des diasporas camerounaises en Europe pour manifester leurs mécontentements face à cette situation ?
Il est évident que cette mesure inacceptable, incompréhensible et inexplicable par les Associations des Diasporas Camerounaises ne pourra passer sans réaction de rejet, des remous avec beaucoup d’agacements comme c’est déjà le cas depuis sa publication officielle. Le travail de ces Associations est ainsi rendu encore plus difficile alors qu’elles œuvraient déjà dans une extrême délicatesse et prudence avec des compatriotes aigris nourrissant tellement des griefs dans des postures profondément pessimistes à l’égard de leurs Diplomaties de proximité. Aucune Association digne et patriotique représentant la Diaspora n’aura de perspicacité et de suffisance pour expliquer ou faire avaler cette pilule amère qui accable les espoirs des jeunes générations très dynamiques, mais déçus et happés par cet acte odieux dont le seul dessein est semble-t-il de les empêcher de retourner un jour au Cameroun oubliant ainsi qu’à force d’effacer un amour profond du pays, on finit par l’éteindre définitivement.
Espérons que ce Gouvernement le comprenne très vite et annule cette hérésie politique prétendue économique qui divise, blesse et tue les belles initiatives constructives patriotiques de cette onzième province du Cameroun. Les Responsables associatifs des Diasporas se doivent de s’unir très rapidement et d’exiger fermement avec l’appui de leurs Diplomaties l’annulation immédiate de cette mesure abjecte et inutile au moment où le monde se réorganise en redéfinissant les enjeux d’une nouvelle ère dans laquelle notre Diaspora active est largement partie prenante pour la construction de notre grande Nation comme le font toutes les autres ailleurs.
Recueilli à Paris par J-.C. Edjangué