Artiste bronzier d’origine burkinabé, il est aussi celui qui confectionne, depuis plus de 10 ans, les trophées remis aux lauréats du Festival international du film panafricain (FIFP) de Cannes. Nous l’avons rencontré lors de cette 19ᵉ édition.

Karim Ouédraogo, vous avez choisi de travailler un matériau original, le bronze. Pourquoi ?

C’est une tradition ancestrale du Burkina Faso, en particulier à Ouagadougou, la capitale. Plusieurs familles de bronzier sont installées depuis des générations. C’est un matériau noble dont le travail intègre plusieurs techniques qui m’attirent. Entre le dallage en cire, le moule avec de l’argile, la fonte du bronze qui fait appel au mystère du feu. Découvrir ce mystère du feu est une étape importante, moi je me repère en m’appuyant sur le yin et le yang. Entre le froid et le chaud, l’esprit du feu et ses surprises avec par exemple, quand on casse le bronze.

Depuis combien de temps travaillez-vous le bronze et est-ce que ça permet à l’artiste que vous êtes de vivre de son art?

Je suis tombé dans la marmite de bronze tout petit. Je suis presque né dans le bronze, je suis né artiste. Je ne sais pas si je vis de mon art, mais je sais que je vis avec mon art. C’est une combinaison gagnant-gagnant. C’est le mystère de la relation entre mon art et moi-même.

On voit dans votre travail, l’importance des formes et des différentes et variées. Toutes les formes se travaillent-elles de la même manière quand il s’agit du bronze ?

Toutes les formes que vous voyez, concernant les petites statuettes, les petites danseuses ou le symbole de la femme avec l’enfant et la maternité, ça fait partie des bases. Je les travaillais déjà quand j’étais tout petit. C’est comme à l’Ecole des arts, on nous a appris ces mêmes bases, comment faire la tête, les bras, les jambes, le corps, les structures animalières, la nature… Depuis plusieurs années maintenant, je me fais beaucoup plus connaître grâce à mon travail sur les feuilles de nénuphars. C’est devenu ma spécialité, même si je n’en ai pas avec moi ici au Festival international du film panafricain de Cannes. Parce que je suis en exposition un peu partout en France, à Paris, dans le Lot.

Comment vous vous êtes retrouvé ici au FIFP de Cannes ?

Je connais Basile Nganguè Ebellè, le promoteur du FIFP depuis plusieurs années. C’est un ami pour qui je confectionne, depuis 2013, les trophées Dikalo Awards. C’est toujours un réel plaisir de venir les remettre à main propre à chaque édition du festival.

Quel regard portez-vous sur l’art africain aujourd’hui ?

L’art africain est considéré comme un art primitif, c’est-à-dire un art premier. C’est un art qui a inspiré les autres arts dans le monde. Les artistes africains se sont confrontés à d’autres regards, à d’autres expériences pour continuer à nourrir leur imaginaire. Les artistes africains ont un bel avenir.

Recueilli par Jean-Célestin Edjangué à Cannes

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