L’association créée il y a un an, par Mme Marcelle Makam, organisait une réflexion dans ce sens, vendredi 10 juin, dans les locaux du centre culturel et social Rosa Parks, à Paris 19ᵉ, avec les différents acteurs qui travaillent sur la question.
Un film de 5 minutes, réalisé en novembre 2019 par le groupe Collectif des Amis de l’Afrique dont Diarra Founé, une chanteuse lyrique, chargée de communication et porteuse de projets, est la présidente. La commune de Champigny a soutenu la réalisation du film. Nous sommes au Centre culturel et social Rosa Parks, au 219 BD Mac Donald, Paris 19ᵉ. Il est 18 h 30, vendredi, 10 juin.
« Ni dupes, ni soumises »
L’allusion est à peine voilée au mouvement fondé en 2003 par Fadela Amara, à la suite des marches contre les violences dans les quartiers, avec comme objectifs de promouvoir la mixité et l’égalité, le respect de la laïcité et de défendre le droit des femmes : « Ni dupes, ni soumises », entend-on chanter en chœur dans le film, dans l’une des salles aménagées pour la rencontre. Quelques dizaines de femmes, d’hommes, mais aussi de jeunes ont pris place dans le public, aux côtés des médecins, avocats, juristes, un pasteur et une représentante du ministère de la Justice et des membres des associations de lutte contre les violences faites aux femmes. Et si la rencontre a commencé avec plus d’une heure de retard, elle n’a rien perdu de son intérêt. « En France, sur une année, près de 210 000 femmes sont victimes de violences conjugales physiques et/ou sexuelles », selon les données du Ministère de l’Intérieur, publiées en 2021, contre 2030.000 deux ans auparavant. L’Association Nous Toutes, indique de son côté qu’ « en 2021, au moins 113 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint », contre 137 au moment du tournage du film. Une femme est donc morte sous les coups de son mari ou ex-conjoint tous les trois jours ou presque. Pour la Présidente fondatrice de l’Association Phénix action solidaire internationale, Marcelle Makam, organisatrice de la réflexion de vendredi dernier, il s’agissait « de réunir des acteurs impliqués dans la lutte contre ce fléau, pour tenter de faire le point sur ce qui est fait et voir comment aller encore plus loin pour mieux répondre aux attentes des victimes ».
« Sensibiliser encore et toujours »
« Réaliser le film n’a pas été facile. Il fallait des moyens. Nous avons d’abord mis nos propres économies avant d’obtenir le soutien de la ville de Champigny, que je remercie », a déclaré Founé Diarra Diop, après la séance de projection. À l’appui des chiffres évoqués plus hauts, il était question de se demander « que faire ? » pour mettre fin à cette triste réalité. Dr. Vanessa, Médecin généraliste, qui travaille beaucoup avec des jeunes et des artistes, convaincue que l’art participe de la libération de la parole puisqu’il agit comme un support thérapeutique, donne un certain nombre de recommandations : « Faire constater les blessures physiques et psychologiques par un médecin avec un certificat médical délivré, se rapprocher d’un avocat ou d’une assistante sociale, déposer une main courante, demander une mesure de protection ». Dans la foulée, Me Eric Koum, avocat au barreau de Bobigny dans le département de Seine-Saint-Denis(93), a d’abord rappelé que « tous les milieux sociaux sont concernés par le problème, y compris de plus en plus d’hommes dans le cadre du travail » avant d’insister sur les instruments de la force publique depuis « des mesures d’éloignement à titre préventif du conjoint violent jusqu’au dépôt de la plainte avec constitution de partie civile en passant par le dépôt d’une main courante près du commissariat ou de la gendarmerie ». Tout aussi poignante, l’intervention de Béribelle Loulon et Ngo Bot Téclaire, toutes deux de l’Association Phénix action solidaire internationale : « La sensibilisation reste la meilleure des armes pour prévenir les faits de violence contre les femmes. Mais quand cette violence est déjà constatée, il ne faut en aucun cas négocier avec le violent qui, dans certains cas, peut aller jusqu’à tuer ». La prévention, c’est aussi le crédo de Anding Marie Michelle, juriste, qui insiste sur le fait que « Prévenir, c’est aussi faire le choix de quitter le bourreau quand on ne sent plus en sécurité, lorsqu’on se rend compte qu’il n’y a plus de confiance entre les deux partenaires ». Dr Nyoumsi, psychiatre, a tenté de démontrer, à l’aide de deux schémas en forme de triangles et d’anneaux, la complexité de la question débattue. Pour lui, la famille est à l’intérieur d’un triangle alors que les anneaux renferment le corps, l’esprit et l’âme. Les deux figurent ne ressentent pas forcément les choses de la même manière, quand l’une veut l’autre, il y a parfois incompréhension. Mme Youssah Patricia, qui travaille dans des marchés financiers, pense que « Les violences faites aux femmes sont le résultat d’une société qui s’est endurcie, où la violence est devenue presque normales dans l’inconscient collectif, depuis les années 1990 ». Il faut donc un travail d’éducation dès le plus jeune âge pour changer les mentalités. Enfin, Mme caroline Adomo (lire par ailleurs), du ministère de la Justice et élu de Champigny, a répondu aux critiques formulées sur les inactions des autorités judiciaires : « Je ne suis pas d’accord avec ce qui a été dit par certains intervenants. La lutte contre les violences faites aux femmes est l’un des enjeux majeurs pour le ministère de la Justice. En matière législative, il y a des évolutions fortes. J’invite ici les deux avocats présents à compléter mes propos à ce sujet ».
Peu avant la clôture de ce moment de réflexion, Dieudonné Ngamou, élu du 18ᵉ arrondissement de Paris, grâce à qui la salle a été mise à disposition, a salué les bonnes relations avec la mairie du 19ᵉ arrondissement et encouragé l’engagement de l’association Phénix action solidaire internationale à lutter contre les violences faites aux femmes. Après quoi, Abdelaziz Mounde Njimbam, président de la Maison des camerounais de France, Centre Franco/camerounais(MCF/CFC), qui héberge les activités de l’association Phénix, a rendu hommage à la présidente, Marcelle Makam et à toute l’équipe, pour leur abnégation notamment face à la pression de l’accueil des africains fuyant la guerre en Ukraine.
La réflexion sur « En finir avec les violences faites aux femmes » s’est terminée autour d’un buffet convivial, avec la promesse de se revoir très bientôt.
La Rédaction de Newsafrica24.Fr