Italo-Camerounaise, réalisatrice, photographe, créatrice de mode, autodidacte et indépendante, cette artiste diplômée en sociologie contemporaine à l’ENS-Paris Saclay et à la Sorbonne, elle raconte comment elle a découvert le cinéma, l’intérêt qu’elle porte aux questions identitaires et le choix des portraits de femmes de son film.

Comment êtes-vous arrivé dans le cinéma ?

Sciences politiques et sociales en licence, puis Master sociologie. J’ai beaucoup étudié la condition des migrants et des émigrés africains et caribéens. En Italie, le droit du sang prime sur le droit du sol. II faut justifier jusqu’à 18 ans, le vécu sur le sol italien, jusqu’à la majorité. Sur le plan juridique, ça pose des problèmes en termes de reconnaissance de statut, en plus de la reconnaissance identitaire. Le fait que ma mère soit Italienne, mon père camerounais, j’ai eu ma nationalité à la naissance.

Comment votre entourage s’est-il positionné par rapport l’intérêt que vous portez à ces questions identitaires ?

Une partie de ma famille ne comprend pas mon intérêt quant aux questions raciales. Il y en a d’autres qui m’encouragent et enfin une troisième catégorie qui est plus tôt neutre. J’ai choisi de m’intéresser à des femmes noires ou métisses ayant grandi ou vécu en France, parce que je voulais des éléments de comparaison. J’ai déjà fait un reportage sur les enfants d’immigrés vivant en Italie. Et comme ça fait presque 10 ans que je vis en France, j’ai voulu m’intéresser à la manière dont l’hexagone gère cette problématique. En plus, la composition démographique des femmes noires en France avec le cas italien est très intéressante, parce qu’il y a aussi des antillaises…

C’est la sociologue ou la cinéaste qui parle dans ce film ?

C’est toujours le deux. C’est la sociologie qui m’a conduit au cinéma. Je continue toujours d’étudier sociologiquement la question. J’inscris les histoires personnelles des individus – recueillies par interview – dans la grande histoire en faisant des recherches d’archives et des excursus historique dans mes reportages. Ce qui donne de la profondeur historique à leur vécu et permet de tenir compte des effets du contexte politique et historique d’un pays sur la trajectoire des gens qui y habitent.

Recueilli via Zoom par J.-C. Edjangué

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