Après le Cameroun où il est arrivé lundi 25 juillet, le président français s’envole ce mercredi, 27 juillet, matin pour Cotonou, au Bénin, avant de terminer son périple à Bissau, jeudi 28 juillet.
« J’étais au Bénin en mars-avril 2022. Ce que j’ai vu, entendu et vécu, à Cotonou, par exemple, m’a complètement sidéré. Je n’ai pas reconnu le Bénin que j’avais laissé lors de mon précédent voyage, en 2020 ». Le constat est implacable, consternant pour ne pas affligeant. Daniel Segla, béninois d’origine, ancien directeur de publication de News Magazine Afrique Émergente, actuellement Directeur éditorial de Monde Global Éditions Nouvelles et élu municipal à Saint-Mammes, en Seine-et-Marne, n’en revient toujours pas trois mois après son dernier voyage à Cotonou.
La misère nue à Cotonou
« J’ai vraiment le sentiment que la misère s’est propagée à une vitesse inimaginable, même des amis qui auparavant avaient un peu de pudeur pour exposer leur mal-être, n’ont plus de scrupule », raconte-t-il, insistant : « Quant à la prostitution des jeunes filles, elle semble s’être érigée en règle de vie. Elles occupent à longueur de journée des débits de boissons et autres bars, à la recherche d’une bière, d’un client qui peut la leur offrir. C’est une misère qui ne se cache plus, elle s’étale aux yeux de tout le monde sans que plus personne s’en émeuve ». Du coup, qu’attend Daniel Segla de la visite officielle du président français, Emmanuel Macron, à Cotonou ce mercredi ? « Rien du tout. La France vient défendre ses intérêts », répond-il, ajoutant : « Je pense que la France est préoccupée par la situation dans le Nord du pays, maintenant qu’elle n’a plus de base militaire au Mali et que la situation dans le sahel reste alarmante. Je crois savoir que c’est l’installation d’une base militaire dans cette partie Nord du Bénin qui est au cœur du voyage d’Emmanuel Macron à Cotonou, ce mercredi, 27 juillet ».
Visite inopportune à Bissau
Du côté de la diaspora bissau-guinéenne en France, la plus importante d’Europe après celle du Portugal, on est plus circonspect quant au timing du voyage du président Macron à Bissau. « Recevoir le président d’un pays comme la France, à Bissau, c’est toujours un honneur. Mais compte tenu de la situation actuelle de la Guinée-Bissau, cette visite n’est pas opportune. Car la France, en tant que pays des Droits de l’Homme et de la démocratie, ne peut pas cautionner un régime qui veut instaurer la dictature, qui interdit des manifestations publiques, kidnappe des députés, y compris les femmes qui sont ensuite violées, qui maltraite des opposants, un régime qui ne respecte pas la constitution, qui a pris le pouvoir par la force… La visite d’Emmanuel Macron à Bissau serait considérée comme une caution à ce régime-là. Or c’est tout le contraire de ce que représente la France à mes yeux et aux yeux du monde », affirme Flavio Ferreira Batica, Représentant PAIGC en France et député suppléant de la diaspora bissau-guinéenne.
Par J.-C.E.