Présidente du jury du Prix Orange du livre en Afrique, dont la 6ᵉ édition dévoilera l’élu(e), le 17 mai 2024, après délibération à l’Académie du Royaume du Maroc à Rabat, le nom du récipiendaire sera connu dans le cadre du Salon international de l’édition et du livre(SIEL), qui tiendra son acte 29 du 9 au 19 mai, cette écrivaine franco-ivoirienne, auteure de poèmes, de romans et de livres pour la jeunesse, illustratrice et peintre, a bien voulu répondre à nos questions.

Le Prix Orange du livre en Afrique, lancé en 2019, avait alors été remporté par Djaïli Amadou Amal avec « Munyal les larmes de la patience », ouvrage qui sera couronné en 2020 par le Goncourt des lycéens sous le titre « Les impatientes ». Quels sont les objectifs visés par les organisateurs de ce Prix littéraire ?

Le Prix Orange du livre en Afrique (POLA) s’est donné comme objectif de faire la promotion des écrivains d’Afrique francophone. Il récompense un roman écrit en français par un écrivain africain, publié par une maison d’édition africaine basée sur le continent. Et c’est cela qui fait toute la différence. Il faut obligatoirement que le roman ait été publié en Afrique pour la première fois, c’est-à-dire que c’est la maison d’édition africaine qui détient les droits du texte original. Par la suite, cette maison d’édition est libre de vendre les droits de reproduction à qui elle veut en accord avec l’auteur, bien entendu. Pour sélectionner les livres finalistes, une centaine de lecteurs répartis dans 6 comités de lecture basés dans des pays africains sont concernés. Pour finir, le jury se réunit afin de choisir l’œuvre à primer. C’est un jury composé d’écrivains renommés, de critiques d’art, de bibliothécaires et de journalistes.

Quand on observe le milieu littéraire en Afrique comme dans les autres régions du monde, on se rend compte qu’il y a énormément de Prix et de Grands Prix dédiés aux auteurs. Quel est l’intérêt particulier du Prix Orange du livre en Afrique ?

D’abord, il faut que je dise qu’il n’y a jamais assez de prix pour récompenser les talents littéraires. Cela reste assez difficile de se faire publier par une maison d’édition africaine qui pourra faire tout le travail de promotion qu’un bon livre mérite. Car donner de la visibilité aux écrivains est ce qui manque en général. Le livre sort, puis l’écrivain(e) doit se battre pour faire connaître son ouvrage à l’intérieur du pays. Cela se complique si l’on veut toucher les lecteurs en dehors des frontières nationales et, à plus forte raison, à l’étranger.

La particularité du POLA est qu’il s’occupe de toute la chaîne du livre, pas seulement de récompenser un lauréat. À chaque édition, la Fondation Orange organise des ateliers de formation avec des éditeurs africains afin de les soutenir dans leur travail. Ces ateliers sont conçus en collaboration avec L’Alliance Internationale des Editeurs Indépendants afin de répondre aux principaux besoins des métiers de l’édition.

Depuis 2019 jusqu’à 2023, ce sont cinq auteurs qui ont été couronnés par le Prix Orange du livre en Afrique. Quel premier bilan pouvez-vous dresser, de ce qui est en train de devenir une institution culturelle en Afrique, à la veille de sa 6ᵉ édition ?

Nous ne manquons vraiment pas de talents en Afrique. Chaque année, c’est un plaisir de lire les livres sélectionnés. Nous n’avons rien à envier aux autres. La diversité des styles et des thèmes abordés est impressionnante. Du côté des écrivaines, plus spécifiquement, la parole est plus assurée et elles nous offrent des textes forts qui abordent de front les questions sociétales. Elles ont le désir de briser les barrières du genre. J’ai beaucoup d’espoir pour l’avenir si les éditeurs jouent aussi leur partition. Bien sûr, il est essentiel que les politiques du livre en Afrique suivent le mouvement vers le haut.

Merci beaucoup pour votre disponibilité

C’est moi qui vous remercie pour votre intérêt au POLA.

Jean-Célestin Edjangué

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