Journaliste Reporter d’Images(JRI), productrice de médias, ingénieure sanitaire et sociale, formateur certifiés, responsable de projet et de développement, chargée de projet Ehpad et formatrice à l’IFEN de Normandie et auteure, elle explique les motivations du livre qu’elle vient de publier sur « la sexualité des personnes âgées en institution ! » et les difficultés rencontrées dans le cadre de son enquête. Surprenant !

Vous publiez aux éditions vie  » Faire l’amour, la vie sexuelle des personnes âgées en institution ! ». Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à ce sujet tabou en France ?

Pendant 20 ans, j’ai été présidente de Logacité, une association loi 1901 à but non lucratif, d’aide aux personnes défavorisées, notamment les habitants des quartiers prioritaires et les publics dits spécifiques (migrants, personnes âgées, personnes en situation du handicap…) pour leur inclusion dans la société, j’étais à l’écoute bienveillante et empathique des témoignages de certaines personnes âgées ou handicapées qui se plaignaient du regard stigmatisant, méprisant et moqueur lorsqu’elles étaient dans une démarche affectueuse ou amoureuse. Dans le cadre de mes ateliers intergénérationnels de renforcement des compétences psychosociales (confiance en soi et communication, autonomisation ou empowerment, multimédias, soins, image et beauté). Mon coaching consistait à les faire regagner en confiance et en estime de soi tout en les aidant à magnifier leurs habiletés personnelles et relationnelles. Dans la société africaine, il y a le respect des vieux, qu’on appelle les sages, et un vieux fait autorité, et peut avoir autant de femmes qu’il souhaite sans souffrir du rejet de la société. D’ailleurs, le proverbe africain dit que lorsqu’un vieux meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle. Aussi, ma seconde motivation, lorsque je faisais des jobs d’été de dame de compagnie ou garde malade à domicile, les personnes âgées ayant des besoins sexuels me sollicitaient et j’ai compris qu’ils avaient aussi leur libido et que la sexualité chez l’être humain débute à la naissance et se poursuit toute son existence comme le dit Freud.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur le terrain et après ?

J’ai eu du mal à mener des enquêtes en institution : maisons de retraite, Ehpad… j’ai envoyé des demandes d’entretiens à 30 institutions, sans aucune réponse. C’est par mon relationnel que j’ai pu avoir un stage en institution publique et j’ai pu faire des entretiens compréhensifs sous recommandation de la directrice de l’Ehpad public, une ancienne étudiante de mon directeur de recherche, Jean Gondonneau, ancien soixante-huitard. Et comme je souhaitais faire un parallèle, un de mes enseignants m’a guidé vers un Ehpad privé qu’il a dirigé. Un autre problème, la psychologue de l’Ehpad public m’a très mal reçu et m’a envoyé balader lorsque je lui ai demandé si je pouvais utiliser mon magnéto. Et nous avons cessé l’entretien qui n’avait pas été commencé. Mais un riche entretien avec une psychologue d’un centre hospitalier universitaire de gérontologique (CHU), a été réalisé. L’autre difficulté, la retranscription fastidieuse, c’est le grand nombre des matériaux ou données que j’ai pu recueillir (beaucoup d’entretiens sur bande). Je pourrais les exploiter et en faire une analyse sur une autre problématique pour un prochain ouvrage.

En quoi faire l’amour peut-il permettre aux personnes âgées d’être plus épanouies ?

Toutes ces situations vécues ont nourri ma réflexion, et en formation du diplôme d’État d’ingénierie sociale (DEIS), niveau Master 2, j’ai choisi ce sujet audacieux sur la vie intime, affective et sexuelle des personnes âgées pour aider à l’épanouissement biologique, car les médias n’en parlent pas ni les médecins ne prennent pas la parole.  Pour l’Organisation mondiale de la santé, la santé sexuelle est l’expérience de bien-être physique, psychologique et socioculturel relatif à la sexualité devenue un facteur d’épanouissement individuel et social. La santé sexuelle est naturellement l’expression libre et responsable de ses capacités sexuelles, encourageant le bien-être personnel et social et enrichissant la vie individuelle et sociale.

Recueilli en ligne par J.-C. Edjangué

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