Réunis à Rabat, dimanche dernier, les Ambassadeurs africains accrédités au Royaume chérifien se disent disponibles à collaborer avec le Maroc pour trouver des solutions idoines au problème migratoire, pendant que l’Union africaine demande une enquête sur le drame qui s’est produit samedi dernier, à la frontière avec l’enclave espagnole de Melilla.
L’onde de choc continue de se propager un partout dans le monde, dans le milieu des diasporas africaines, mais aussi auprès de certains États, après les images insoutenables de samedi dernier, 25 juin. Des milliers de migrants africains venant du Maroc et cherchant à regagner l’enclave espagnole de Melilla, pourchassés comme des gardes côtes espagnoles. La brutalité a fait au moins 25 morts et des blessés. Une situation qui a provoqué une grande émotion et imposé une réunion à Rabat, dimanche 26 juin.
« Trouver une solution pérenne »
L’occasion pour le doyen du corps diplomatique au Royaume chérifien et Ambassadeur camerounais, Mouhamadou Youssifou a indiqué que le groupe africain “apprécie grandement le geste du Roi Mohammed VI pour l’encadrement des migrants au Maroc”, et de rappeler notamment l’initiative de régularisation, prise en 2013, en faveur de migrants en situation irrégulière dans le Royaume du Maroc. “Cette politique migratoire du Maroc a valu à SM le Roi d’être désigné par l’Union Africaine (UA) Leader de la migration en Afrique”, a encore expliqué l’Ambassadeur, M. Youssifou dans une déclaration à la presse sanctionnant une rencontre sur la question migratoire entre des responsables du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Étranger, du ministère de l’Intérieur et les ambassadeurs et représentants du corps diplomatique africain accrédité au Maroc. Le doyen Youssifou n’a pas manqué de condamner l’assaut des clandestins au niveau de Nador, tout assurant que les diplomates africains se tiennent, comme toujours, aux côtés des autorités marocaines pour maîtriser cette situation. “Nous nous tenons, comme par le passé, aux côtés des autorités marocaines pour juguler cette situation qui n’honore pas nos pays et qui n’honore pas l’Afrique, en général”, a-t-il affirmé, insistant : “Nous sommes prêts à accompagner Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour trouver une solution pérenne à la question de l’immigration. Le corps diplomatique africain est prêt à œuvrer avec le Maroc pour créer une synergie d’actions avec les pays africains ».
Obligation de traiter les migrants avec dignité
« J’exprime mon profond choc et ma préoccupation face au traitement violent et dégradant des migrants africains qui tentent de traverser une frontière internationale entre le Maroc et l’Espagne, avec la violence qui s’ensuit, entraînant la mort d’au moins 23 personnes et des blessures pour beaucoup d’autres », a twitté le tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (CUA). Il a ajouté : « J’appelle à une enquête immédiate sur cette affaire et je rappelle à tous les pays leurs obligations en vertu du droit international de traiter tous les migrants avec dignité et de donner la priorité à leur sécurité et aux droits humains, tout en s’abstenant de recourir à une force excessive ». L’émotion restait vive, 24 heures après le drame de samedi, 25 juin, bien au-delà de la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Selon de nombreuses sources, au moins 2 000 migrants, essentiellement originaires du Soudan, ont tenté de franchir la barrière frontalière, provoquant la réaction des forces de sécurité, ce qui a causé la mort de plusieurs migrants et des blessés du côté des forces de sécurité marocaines. Les autorités marocaines parlent de 23 morts alors qu’Helena Maleno Garzon, responsable de l’ONG Walking Borders, a déclaré qu’au moins 37 personnes avaient perdu la vie.
Par Jean-Célestin Edjangué