Il était considéré comme l’un des doyens des acteurs noirs dans l’hexagone.  Décédé le 07 octobre 2022 en France, son corps a été rapatrié au Cameroun et inhumé à Baleveng, sa terre natale.

Son histoire est celle d’un autodidacte qui ne savait ni lire ni écrire. Parti de rien, à force de travail et de détermination, il est devenu un très grand acteur et a joué aux côtés des plus grands :  Catherine Deneuve, Edouard Molinaro, Yves Boisset, Philippe de Broca, Jean Rochefort, Pierre Schohendorffer, Mathieu Kassovitz…

Tout commence dans une boîte de nuit parisienne

Momo Joseph

Sa vie est une ces belles histoires comme on les aime. Un peu comme un personnage romanesque, qui a su saisir quelques mains tendues sur son parcours pour avancer et accomplir sa destinée. Les choses n’ont pourtant pas faciles, sa vie ne s’est pas tracée comme un long fleuve tranquille. Comment l’aurait-elle été d’ailleurs, quand on sait le contexte sociopolitique du pays au moment où le futur artiste vint au monde ?

Son père, Paul Lapnet, soldat dans l’armée camerounaise décède alors que le petit Joseph Momo, né le 4 juin 1952, n’a que 7 ans. Sa mère, Christine Megni n’a pas les moyens financiers nécessaires pour élever une progéniture de quatre enfants. Joseph est alors confié à ses oncles pendant les troubles de la lutte pour l’indépendance au Cameroun. Un combat mené par l’Union des Populations du Cameroun(UPC) de Ruben Um Nyobè, qui sera assassiné le 13 septembre 1958 à Libelingoï près de Boumnyébel. C’est en cette période que Joseph Momo rencontre Grégoire Essoh qui va devenir son tuteur, l’aider à poursuivre sa scolarité et même le prendre sous sa protection en accord avec la famille du jeune garçon. Il finira par l’envoyer en France pour « se chercher », avoir une vie meilleure. Arrivé à Paris en 1971, Joseph Momo renoue le contact avec Paul Thimo, un ami camerounais qui l’aidera à trouver un premier job chez Citroën, le concessionnaire français.

Lors d’une soirée dans une boîte de nuit parisienne, accompagné de Grégoire Essoh, Joseph Momo attire l’attention par ses danses, sa personnalité sympathique et charismatique. Plusieurs artistes l’incitent à se lancer dans la musique. La suite de l’histoire est connue.

Joseph MOMO interviewé par JMTV

Un artiste, plusieurs facettes

À la fois chanteur, comédien et acteur, Ce Camerounais, né à Baleveng dans la région Ouest du triangle national en 1952, s’est brillamment illustré dans le funk et l’afro-boogie, deux rythmes qui l’ont révélé au monde dans l’art musical. « Chou Chou / Oh Momo », « Love Africa Soul »,  « War For Ground », et autres, sont autant d’albums produit avec son célébrissime groupe Podem, qu’il a légués à la postérité.

Mais Joseph Momo, pour les amoureux du petit et grand écran, était surtout connu comme un acteur inclassable, capable de jouer tous les genres avec le même tact, donnant l’impression que chaque rôle lui était taillé sur mesure. Rien de très surprenant dès lors que l’on le retrouve dans des films à tonalités aussi variées depuis Le Crabe-Tambour(1977), L’Etat sauvage(1978), La légion sur Kolwezi (1979), jusqu’à Diên Biên Phu(1992), La Haine(1995), Clando(1996), en passant par Ne t’inquiète pas ça se soigne(1980), T’as plus rien(1980), Pour cent briques(1982), L’Africain(1982), Canicule(1983), ou encore L’Arbalète(1984), L’Amour ou presque(1985), Sauve-toi(1986), et bien d’autres.

Quant aux séries télévisées et téléfilms, ils n’étaient pas en reste. Joseph Momo a presté notamment dans La Marseillaise (1982), Reine de la jungle(1987), pour ne citer que ces deux productions.

L’entrepreneur

Au cours de la décennie 90, voyant que sa carrière artistique commençait à vaciller, il se rappelle au bon souvenir de l’entrepreneuriat, lui qui créé en 1985 l’Association pour la Promotion du Cinéma Africain (APCA). Il lance des sociétés de soins infirmiers, une entreprise de surveillance et sécurité, à Paris, puis une d’aide à domicile à Lille. Toujours dans ces mêmes années 90, il ne peut terminer un album qu’il a commencé en studio. La maladie a de plus en plus d’emprise sur lui et en 2012, la situation s’aggrave, Joseph Momo est victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Il passera plusieurs mois dans le coma et en sort partiellement paralysé. Les dix dernières années de sa vie, il va les consacrer à sa famille, bien qu’étant affaibli par les séquelles de la maladie.

Humaniste, respirant la bonne humeur et la joie de vivre, Joseph Momo s’en est allé le 7 octobre 2022, à Paris. Sa dépouille, rapatriée quelques jours après au Cameroun, a été inhumée à Baleveng, sa terre natale, dans la région Ouest du Cameroun.

Que sa famille et ses amis trouvent, par ces quelques lignes, l’expression de notre profonde compassion.

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

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