Pendant que certains se félicitent pour l’action menée par le président Paul Biya à la tête du triangle national, d’autres s’inquiètent de la situation du pays depuis sa présidence.

C’est sur une affichette de fond bleu et blanc, que l’information concernant la célébration de la longévité exceptionnelle du président du RDPC, à la tête de la maison Cameroun, a été annoncée dans l’Essonne (91), en France. « Camarades, sympathisants, amis du Cameroun, le bureau de la section RDPC France nord vous invite massivement à la -célébration du quarantième anniversaire du Renouveau », indique le support de communication qui précise « Thème : Renforçons davantage notre mobilisation derrière le président Paul Biya pour poursuivre ensemble l’œuvre de construction nationale, dans l’union des cœurs, la paix et la stabilité soient le prisme et selon l’esprit du Renouveau national ».

Fête à Athis-Mons…

La date, l’heure et le lieu de la manifestation(06 novembre 2022 à 12 h 00, Salle Michelet, 1 rue Pierre Bérégovoy, 91200 Athis-Mons). Un communiqué relayé via la plateforme WhatsApp accompagne cette communication avec la signature de Jean Armel Mengue Président de la cellule RDPC d’Athis Mons. « Les militants de la Cellule d’Athis Mons, socle granitique du RDPC dans la Sous-section RDPC de la Seine-et-Marne, se mobilisent pour exprimer leur soutien à SEM PAUL BIYA le 06 novembre 2022, jour du 40e anniversaire à son accession à la magistrature suprême ».  Une célébration qui divise forcément les ressortissants du triangle national en Europe. Cette Camerounaise, ingénieure en Allemagne, pense qu’il est assez osé de faire la fête quand on sait dans quelle situation générale se trouve le Cameroun aujourd’hui. « Un tiers de la population vit dans la pauvreté, la corruption et le tribalisme gangrène l’administration, la répression policière s’abat sur les manifestations dont les autorisations sont accordées beaucoup plus facilement aux militants et sympathisants du RDPC, parti au pouvoir, la guerre dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest… ». Un point de vue que semble partager Hubert N., en Italie. « Ils sont vraiment courageux les Camerounais qui célèbrent les 40 ans de pouvoir de Paul Biya dont l’immobilisme à la tête de l’État n’est plus à démontrer. Je me souviens qu’au tout début des années 1980, au moment où j’arrivais en Europe, le Cameroun était l’un des pays les plus respectés d’Afrique. Nous étions fiers d’être des Ambassadeurs de notre pays. Ce n’est plus le cas. On a même honte de dire qu’on est Camerounais aujourd’hui. Il y a eu un virage qui a été mal géré par les gouvernements successifs depuis 40 ans ».

Appel à restaurer la démocratie à Bruxelles

Hugues SEUMO

Pour le journaliste et acteur de la société civile panafricaine, Hugues Seumo, Secrétaire général du Cercle Belgo-Africain Pour la promotion Humaine (CEBAPH), créé le 5, mais 2000 à Bruxelles par des Camerounais et africains réunis pour la cause panafricaine,  « 40 ans du Renouveau, c’est 40 ans de honte. 40 ans de recul des valeurs démocratiques. 40 ans de multiplication du nombre des prisonniers politiques, répression des manifestations et des libertés publiques, 40 ans de recul économique », affirme-t-il, martelant : « Plusieurs sociétés d’État ont fermé la porte. Aujourd’hui, on se retrouve sans électricité pour tous, sans eau potable. On est dans un pays où on parle encore du choléra alors qu’on ne devrait plus en parler, on parle de délestage, d’insuffisance alimentaire… Malgré un sous-sol riche et fertile ». Et pour lui, le plus inquiétant est ailleurs. « 40 ans de recul du sentiment d’unité national. Aujourd’hui, c’est le tribalisme, le népotisme et la partition du pays qui dominent au Cameroun ».  Que faire face cette situation ? « Le CEBAPH a toujours pensé qu’il n’y a que le dialogue inclusif, permettant aux Camerounais de s’asseoir autour d’une table, pour retrouver l’unité nationale. La situation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest témoigne de cette désintégration territoriale. Il la connait bien cette situation, je suis né dans le Sud-Ouest. Les populations de ces deux régions ont le sentiment d’être abandonnées. Le Cameroun étant un État bilingue, il faut que les autorités puissent s’exprimer en anglais et en français, que les actes de justice et autres soient également établis dans les deux langues », suggère Hugues Seumo, soulignant : « Personnellement, je pense que le pays doit vivre avec une espèce de cohésion qui passe par l’éducation. C’est l’éducation qui permet d’inculquer les valeurs morales, le civisme, l’amour de la partie. Il faut inculquer le culte de la méritocratie, avec les valeurs de travail, la promotion des compétences et non le népotisme, le favoritisme, le tribalisme. Il est urgent aujourd’hui de mettre sur pied une fondation qui redéfinit les nouvelles bases du redécollages politique, économiques et sociales du pays. Des valeurs que défend le CEBAPH ». Et de prévenir en guise de conclusion : « Si ces valeurs ne sont pas respectées, l’avenir du Cameroun sera fortement compromis, ce sera le chaos total. Le Cameroun a besoin d’un nouveau souffle, garant de son avenir ». Voilà qui est dit.

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

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