Formé vendredi 20 mai, il compte 28 membres : 14 hommes et 14 femmes si on compte la première ministre, contre 42 membres du gouvernement de Jean Castex qui comptait 16 ministres, 14 ministres délégués et 12 secrétaires d’État, soit 21 hommes et 22 femmes, en y incluant le Premier ministre. Parmi les nouveaux arrivants, l’historien Pap Ndiaye, rue de Grenelle, est déjà honni par l’extrême-droite et certains médias.

« Emmanuel Macron, président de la République en France, c’est une chance pour l’Afrique. Depuis qu’il est à l’Élysée, il ne rate pas une occasion pour lancer des messages à l’Afrique, lui dire qu’elle doit prendre en main son destin. Mais les dirigeants africains ne veulent pas de cette réalité. Ça les arrange plutôt de continuer à jouer les assister, ceux qui ont toujours besoin d’être accompagnés dans leur action quotidienne ». La réflexion peut paraître lunaire. Elle s’inscrit du contexte de la nomination de Pap Ndiaye comme Ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, dans le gouvernement d’Elisabeth Borne, vendredi 20 mai 2022, en milieu d’après-midi. Pour mon interlocuteur, originaire d’Afrique de l’Ouest, pour qui, quiconque a pris soin de décrypter l’action du plus jeune président de la Vᵉ République française, ne peut guère être surpris de la nomination du Sénégalo-français à la tête du premier poste ministériel du gouvernement de la République.

Tollé à l’extrême-droit et dans certains médias

« Comme si un noir ne pouvait pas apporter sa contribution à l’éducation des petits français et à la formation des citoyens. C’est un peu fou ce que j’ai pu entendre comme idiotie en quelques heures depuis que Pap Ndiaye a été choisi pour incarner ce ministère. Après, on viendra nous jurer par tous les dieux qu’il n’y a pas de racisme en France… Surtout pas dans les médias ! ». Que non ! Et pourtant, les responsables du Rassemblement national et de Reconquête ont semblé avoir trouvé en la personne du brillant historien, la victime idéale sur laquelle il fallait déverser sa bille en indexant au passage les prises de position de l’intellectuel concernant les violences policières ou encore les luttes contre les discriminations à la visibilité des minorités. « La nomination de Pap Ndiaye, indigéniste assumé, à l’Éducation nationale est la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir”, réagit Marine Le Pen sur Twitter, emboîtant le pas à Jordan Bardella qui taxe l’ex-directeur du musée national de l’Histoire de l’immigration de “militant racialiste et anti-flics ». Rien que ça ! Quant à Eric Zemmour, il n’a pas eu besoin de se faire prier pour dire tout le dégoût que provoque chez lui l’arrivée de Pap Ndiaye, rue de Grenelle. « Emmanuel Macron avait dit qu’il fallait déconstruire l’Histoire de France. Pap Ndiaye va s’en charger. », a Twitté Éric Zemmour pendant que plusieurs de ses lieutenants et de militants twittaient en boucle sur le même sujet, à l’instar du Porte-parole de Reconquête, par ailleurs candidat aux législatives, Stanislas Rigault qui a twitté à trois reprises sur le remplaçant de Jean-Michel Blanquer. Tout comme le responsable de la stratégie numérique d’Éric Zemmour se demande « combien de Français vont chercher à retirer leurs enfants de l’école publique » après cette nomination. 

Sur LCI, la chaîne d’info continue de TF1, la journaliste Ruth Elkrief s’est autorisée aussi à en rajouter une couche, critiquant le fait qu’un spécialiste de l’histoire des minorités et de la condition des noirs puisse être en charge de l’éducation nationale.

Face à ce climat délétère, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo est sorti de son silence avec une pointe d’ironie. « Dans le gouvernement, il y a un noir : Pap Ndiaye. À peine nommé, il voit l’extrême droite se déchaîner contre lui. Heureusement qu’il y a des noirs et des Arabes pour mettre les racistes d’accord entre eux”, a-t-il tweeté, avant d’être rejoint dans l’indignation par l’eurodéputée EELV Karima Delli. 

Par Jean-Célestin Edjangué

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