Présidente de l’Organisation des Femmes Africaines et de la Diaspora(OFAD), qui célèbre mardi 29 novembre 2022, 9 rue Vaugirard, à la Cité Audacieuse, dans le 6ᵉ arrondissement de Paris, les 60 ans de la Journée internationale de la femme africaine(JIFA), elle parle du programme de cette journée, de la situation des femmes africaines de la diaspora et de l’avenir.

Le 29 novembre tombe un mardi. Pourquoi cette célébration décalée et en semaine ?

Comment est née l’OFAD ? Quels en sont les objectifs ?

L’OFAD c’est l’Organisation des Femmes Africaines et de la Diaspora, créée en 2011, dans le but de donner la visibilité à ces femmes, toutes ces actrices économiques dans toutes leurs activités, leurs diversités de parcours et de profils, ici et là-bas. Nous avons trouvé un espace vide concernant les femmes migrantes, des femmes de la diaspora. Il y a toujours une image véhiculée de la femme africaine, en France, que nous ne supportons pas. L’OFAD entend donc, non pas nier cette image, mais donner aussi d’autres images des femmes africaines qui apportent à ce pays qui nous accueille.

Quant à savoir pourquoi la célébration est décalée, c’est tout simplement parce que nous tenons compte de l’environnement dans lequel nous l’organisons. Certes, la JIFA est célébrée le 31 juillet, depuis 1962. Or, le 31 juillet en France, presque tout le monde est en vacances. Nous risquons donc de n’avoir personne pour célébrer les femmes africaines et de la diaspora. Pour donner la portée idoine à cette célébration, nous avons préféré la faire en novembre, sachant que le 25 novembre, c’est la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. Or, les violences psychologiques, du fait des discriminations de toutes sortes, dont nous, femmes africaines de la diaspora sommes victimes, n’intéressent pas grand monde. Peu de gens en parlent, parce que ce sont des violences qui ne se voient pas forcément à l’extérieur. Pour nous, le 31 juillet, Journée internationale des femmes africaines, est aussi l’occasion de saluer les parcours de ces pionnières qui, dès 1958, en Autriche, au côté des femmes européennes et d’autres, ont pris la tête du mouvement de promotion leurs droits. Les femmes africaines présentes décident alors de mieux s’organiser pour peser, faire entendre leurs voix. Grâce à Mame Aoua Keïta, qui va être la véritable coordinatrice. À la suite de la rencontre des femmes africaines à Dar Es Salam, en Tanzanie, la JIFA sera promulguée par les Nations unies en 1962, avant d’être officiellement consacrée le 31 juillet 1974, lors du premier Congrès de l’Organisation panafricaine des femmes qui s’est tenu au Sénégal.  En 1962, des femmes comme Mme Ketcha, déjà Députée et DelphineTchanga, du Cameroun, ont participé à la préparation de cette rencontre. L’autonomisation des femmes est le premier des quatre objectifs dont se sont fixées ces femmes.

Quelle est la situation des femmes africaines de la diaspora aujourd’hui, en matière d’insertion socio-professionnelle, de participation à la construction de son cadre de vie et du vivre ensemble dans la société ici et là-bas ?

Dès la création de cet espace, les femmes ont exprimé un besoin. Nous n’avons même pas d’effort à faire. Les femmes viennent d’elles-mêmes, toutes seules. La femme africaine a l’entrepreneuriat dans son ADN. Nous nous sommes retrouvées dans un environnement qui ne nous comprenait pas toujours. Il y a des dispositifs dans ce pays, que les femmes africaines de la diaspora ne connaissent pas toujours. L’un des objectifs de l’OFAD, c’est aussi de permettre à ces femmes d’accéder à ces informations pour les accompagner dans leurs démarches. La femme africaine qui entreprend a plusieurs visages, différents profils. Contrairement à la femme européenne entrepreneure, qui est généralement diplômée, la femme africaine entrepreneure peut être moyennement diplômée, elle peut être analphabète, elle aussi être très diplômée. L’accompagnement doit tenir compte de toutes ces cibles, cette diversité des parcours. Il va de soi qu’on n’accompagne pas une femme bardée de diplômes comme une femme moyennement ou pas du tout diplômée. Généralement, quand ces femmes frappent à notre porte, elles ont déjà leur entreprise en tête. Nous les aidons simplement à la matérialiser, à la concrétiser.

Qu’est-ce qui a changé en 60 ans. Et quel avenir ?

60 ans de femmes visionnaires.

Enfin, l’avenir des femmes africaines et de la diaspora. Comment l’envisagez-vous ?

Nous sommes un potentiel. Les femmes africaines et de la diaspora représentent un vrai potentiel. En 2008, l’Union africaine a décrété « La diaspora 6ᵉ région africaine ». Or quand on regarde le programme de l’union africaine, les femmes africaines de la diaspora n’apparaissent pas dans le département genre. Or les femmes représentent entre 37 et 41% des investissements de l’Afrique. À l’occasion des 60 ans, l’âge de la Retraite, il faut que quelque chose se passe. Il faut que ça change. Pour ce faire, nous disons à l’union africaine que nous voulons des moyens. Dans cette optique, nous ouvrons un fonds qui attend la participation de l’Union africaine.

Merci, Mme Suzanne Bellnoun,

C’est moi qui vous remercie, M. EDJANGUE.

Mené par J.-C. Edjangué à Paris

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