Le 36ᵉ sommet des chefs d’État de l’Union Africaine, début février 2023, à Addis-Abeba, Éthiopie, siège de l’institution, devra entériner l’archipel des Comores, du président Azali Assoumani, à la tête de l’institution panafricaine pendant un an, succédant ainsi au Sénégal de Macky Sall. Une perspective qui hérisse le poil des associations membres de la société civile africaine dans l’hexagone.

« L’Union africaine est un club de joueurs de poker, et même de poker menteurs. L’idée de savoir qu’un président qui est tout sauf un partisan de la démocratie et de la liberté de son peuple, veut prétendre diriger pendant un an cette institution est affligeante ». Jeudi 05 janvier dernier, une trentaine d’associations, mouvements politiques et organisations de la société civile, étaient réunis à Paris, la capitale hexagonale, pour attirer l’attention de l’opinion publique internationale sur les risques de la candidature des Comores et Azali Assoumani à la tête de l’Union africaine.

« Désistement du Kenya »

Le chef de l’État des Comores a fait un passage par la France, le 12 janvier dernier, avant d’aller rencontrer à Dakar, Macky Sall. Comme pour entériner le passage de témoin, quelques semaines du 36ᵉ Sommet des Chefs d’État de l’Union africaine, à Addis-Abeba, siège de l’institution en Éthiopie. Il est vrai que le désistement acté du tout nouveau président élu du Kenya, William Ruto, qui n’entend pas s’embarrasser de fioritures extérieures alors qu’il doit d’abord s’occuper de son pays, a bien facilité les choses au président Azali et lui ouvrir la voie royale pour trôner à la tête de l’Union africaine. Un revirement d’autant plus spectaculaire qu’en son temps, l’ancien président du Kenya Uhuru Kenyatta avait avancé un argument de taille pour justifier la candidature de son pays : « La présidence de l’UA ne devait pas revenir deux années de suite à un pays francophone », insistant par ailleurs sur le fait qu’il faille « un pays anglophone pour occuper la présidence après un pays francophone ». Mais, il ne pouvait pas prévoir la défaite de son candidat, l’ancien Premier ministre Raila Odinga, à la magistrature suprême.

« Plusieurs actions en cours »

Dans un entretien exclusif qu’il a bien voulu accorder à notre Newsafrica24, Me Saïd Larifou (lire par ailleurs), révèle que plusieurs actions sont actuellement en cours pour non seulement prouver que le président Azali Assoumani n’a aucune crédibilité pour briguer la tête de l’Union africaine, mais surtout, il en est le contre-exemple parfait. « Azali Assoumani est contre la démocratie, contre les droits de l’homme puisqu’il est arrivé au pouvoir par un coup d’État et qu’il met ses opposants politiques en prison tout en encourageant les crimes commis sous son régime par des militaires », a-t-il confié avant de prévenir : « Nous avons saisi la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples d’une requête pour demander à ce qu’elle travaille sur ce dossier et se prononce sur la régularité de cette candidature d’Azali au regard des textes qui sont en vigueur. La Commission ne s’est pas encore prononcée. Mais si Azali devenait président de l’Union africaine, les actions ne s’arrêteraient pas pour autant. Nous saisirons les juridictions africaines pour contester cela ».

L’Afrique, continent de toutes les régions possibles, probablement la plus courtisée au monde alors qu’une nouvelle donne mondiale est en gestation qui décidera de l’avenir de 1 milliard et 300 millions d’habitants du berceau de l’humanité, doit en finir avec l’attitude suicidaire des dirigeants visiblement plus préoccupés de leurs propres intérêts que de ceux des peuples.

Par J.-C. Edjangué

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