Réalisateur et promoteur du rendez-vous du cinéma court-métrage de la diversité qui met en lumière des productions et réalisateurs afro-descendants, et dont la prochaine édition se déroule samedi 18 et dimanche 19 février dans la capitale française, ce Franco-camerounais parle des ambitions de cet évènement.

Bonsoir Steve Bell, merci de nous recevoir ici à Saint-Denis dans le cadre du festival des courts-métrages organisé par l’association Faisceau Convergent d’olivier Rapinier et son équipe. C’est un plaisir et un honneur de vous rencontrer ici à Saint-Denis…

Bonsoir, je suis comme vous, je suis invité. Ce n’est pas moi qui reçois(éclats de rire). Même si je sais que c’est la formule consacrée (rire). Ça fait plaisir d’être là, je viens toujours découvrir un peu ce qui se fait autour des afro-descendants.

Quel est la particularité du festival Blkréation film qui se déroule ce week-end de 18 et 19 février 2023 sur les Champs-Élysées à Paris, en France ?

Le Blkréation film est un festival de courts-métrages qui a pour ambition de mettre en avant les afro-descendants et plus généralement toute la diversité dans le cinéma français. Pour se faire une place, montrer qu’on fait des choses, pas toujours dans les clichés qu’on peut retrouver souvent malheureusement dans le cinéma français. Dès qu’il y a un Noir, il faut qu’il ait un rôle de Noir. Notre objectif, c’est qu’un Noir joue un rôle d’acteur tout simplement.

Un peu comme le fait Omar Sy aujourd’hui ?

Exactement. C’est vraiment un modèle du genre. Ce que je veux, c’est au travers de ce festival, pouvoir créer des vocations, donner envie et montrer que des gens existent pour qu’il y ait une continuité après Omar, derrière Omar et avec Omar.

Comment on fait quand on est originaire du Cameroun, qu’on y est même peut-être né pour devenir promoteur d’un festival de court-métrage d’une telle importance en France ?

Je suis né en France, mais je reste Camerounais(éclats de rire). Plus sérieusement, le festival a grandi tout seul. J’ai démarré il y a maintenant 5 ans, parce que j’avais envie de montrer mes films en tant que réalisateur. J’ai réuni ensuite d’autres réalisateurs qui voulaient, eux aussi, faire voir leurs films. Ça a bien fonctionné parce que les Noirs en France avaient la même envie, de voir les histoires qui leur ressemblent, ils ont envie de se voir au cinéma. Voilà comment les choses ont commencé. On a grandi finalement et grossi ensemble. Aujourd’hui, la récompense, c’est que notre dernière lauréate est en lice pour être césarisée avec son court- métrage Dorlis, actuellement en compétition. On est super content, c’est une fille qui a fait deux films qui sont passés chez nous et le fait qu’elle soit aux Césars, on veut continuer.

Avez-pensé à organiser une édition du Blkréation festival, en Afrique ?

Plusieurs personnes m’en ont parlé. C’est quelque chose qui serait intéressante, mais quelque chose de différent. Parce que pour le moment, mon festival représente le cinéma en métropole. En France, les gens ont tendance à vouloir catégoriser uniquement, des films avec les Noirs ce sont des films Africains. Or ce que je veux faire à travers mon festival, c’est faire un festival français avec des Noirs. C’est pour cela que c’est un peu différent. Mais pouvoir transporter en Afrique et montrer plein de films africains, avoir quelque chose d’international, c’est quelque chose que je travaille et que j’aimerais vraiment pouvoir faire. Mais pour cela, il faudra que je sois accompagné avec les dirigeants là-bas, et ça, c’est une autre histoire.

Il y a une affaire qui submerge d’émotion non seulement les Camerounais et les Africains, mais bien au-delà. Je parle de l’enlèvement et assassinat du journaliste Martinez Zogo dont le corps mutilé a été découvert le 22 janvier 2023 du côté d’Ebogo, près de Yaoundé. Comment réagissez-vous à ce drame ?

La mort d’un homme, c’est toujours bouleversant. Ce qui est arrivé à Martinez Zogo est terrible. Mais, je regarde tout cela de loin. On a l’impression que nos pays africains refusent d’avancer. On est en 2023, on a les mêmes problèmes qu’il y a 40 ou 50 ans. C’est vraiment consternant que de telles choses arrivent encore aujourd’hui.

Merci Steve Bell pour votre disponibilité.

C’est moi qui vous remercie.

Recueilli par Jean-Célestin Edjangué

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